Depuis trois mois... [P.V. Casey]

Une fois encore, elle était devant son miroir. Trois mois avaient passé depuis le rejet du royaume des cieux et Dana était sur le bord du gouffre. Elle ne sortait plus. Elle ne se risquait pas à voir le soleil. Plusieurs fois, elle s’était retrouver devant ce miroir à se demander qui elle était vraiment. Celui-ci, muet, n’osant même pas lui répondre, ne lui reflétait qu’elle-même. Ses traits étaient tout las, fatigué, épuisé, blasé. Toujours en pyjama, elle se regardait encore. Comme si elle était habituée, son regard était indifférent. Bon sens! Pourquoi se retrouvait-elle dans cette situation. Elle qui se voyait comme une bonne personne. * Peut-on vraiment ne pas se connaître à ce point?* Pensa-t-elle.

Lentement, elle détacha son regard de ce maudit reflet qui ne répétait que ses faits et gestes. Son regard se porta ensuite sur l’ensemble de la pièce. Les milles bibelots qui recouvraient les étagères et les armoires. Dana se souvint de chacun d’eux et de la raison de leur achat. Étrangement, depuis qu’elle était devenue un ange, elle avait une mémoire d’éléphant. Comme si un aimant attirait un simple métal, ses yeux se portèrent sur un portrait d’un jeune homme. Dana pencha la tête. Elle avait oublié son ami depuis ce temps. Casey Sloane. Comment avait-elle put rester cloîtré ainsi, ici? Pendant les trois passés, Dana se souvint que de plusieurs visites de son ami, cependant, elle n’avait jamais bougé de chez elle. Elle devait avouer qu’elle ne faisait pas énormément d’effort.

Un soupir résonna sur les murs, tellement le silence s’était installé. Elle s’approcha lentement de la photo de son meilleur ami. * Il a été tellement gentil de rester avec moi… Je suis pourtant une meurtrière *. Dana se remémorait lentement leur rencontre à l’agence. Pendant deux ans, elle ne s’était jamais vraiment demander ce que leur amitié voulait dire. Jamais, elle n’avait voulu être avec quelqu’un d’autre. Peters n’avait eut aucun autre petit copain depuis qu’elle était morte. Elle ne croyait pas du tout être amoureuse de Casey, loin de là. Leur amitié avait toujours été sans ambiguïté. Heureusement, d’ailleurs.

Dana décida ensuite d’aller se nettoyer. Une bonne douche chaude lui fit le plus grand bien. Ensuite, elle s’habilla lentement d’une paire de jean et de chandail simple. Aujourd’hui, la mode ne lui disait pas grand chose. Elle opta même pour une paire de talon simple. Son moral n’était pas au plus haut. Elle prit ensuite son sac à main qui contient tout ce qu’une femme à de besoin et pour la première fois elle sortit de son appartement. Le soleil était si fort, qu’elle dut fermer légèrement ses yeux pendant quelques secondes. L.A. ne semblait pas avoir changé depuis 3 mois. C’était un réconfort? * Pourquoi une vie change-t-elle plus vite qu’une ville?*

Puisqu’elle ne voyageait plus en véhicule (on se demande pourquoi), elle devait s’y rendre à pied. L’air dehors lui fit du bien. Étrangement, le fait de changer d’atmosphère lui redonnait un peu le moral. Discrètement, elle se dirigeait vers la demeure de son ami. Ses talons faisaient un claquement régulier sur le pavé. Les gens autour ne s’occupaient pas d’elle. Comment expliquer alors, que personne ne se doutait qu’elle était une meurtrière. On en n'avait pas parlé dans les médias non plus. Peut-être qu’Houston avait légèrement un rapport avec cette histoire. Avait-il étouffé l’affaire? *Il est miséricordieux, mais il a ses limites, ouais…* Évoqua-t-elle dans son esprit. Finalement, elle tourna à une intersection et entra dans le quartier de Venice. Au même moment, elle regrettait d’être morte.

Tel un fantôme, Dana avait croisé ses bras sur elle. Peut-être voulait-elle se réchauffer d’avantage? Elle savait qu’elle ne devait pas se montrer si dépressive. Là, elle était une proie extrêmement facile pour un démon, surtout Darren. Elle s’arrêta. Elle était devant la résidence de son meilleur (de son seul) ami. Était-il présent? Dana l’espérait. Au fond d’elle, une peur profonde faisait toujours rage. Peters ne savait plus vraiment le sens de sa mort. Elle n’avait plus vraiment de but. Mise à part peut-être de regagner la confiance d’Houston. Elle se sentait si… perdue.

En peu de temps, elle s’était retrouver devant la porte. Cela lui prit plusieurs minutes avant de cogner. Elle arrivait peut-être au mauvais moment? C’était idiot. Pourquoi avait-elle si peur de le voir. Auparavant, cela ne se serait jamais produit. N’avait-elle jamais dit qu’elle ne tuerait pas…

Toc. Toc. Toc...

Une journée comme les autres encore et toujours. Mais si dans les gestes et dans les horaires, rien ne changeait, les faits eux n’étaient jamais totalement identiques. Ok, Casey se levait toujours dans sa même chambre aux rideaux verts, faisait sa petite vie avant d’aller au boulot. Au Jamaïca, il y avait évidemment les piliers de bar, toujours là, mais aussi des gens de passage, seul ou en groupe, avec le sourire ou non, tous avec leur vie, leurs soucis, leurs rêves et espoirs. Et derrière son comptoir à faire le barman et jouer avec le shaker, souvent il arrivait à faire parler les gens. Il avait un petit don, était simplement un ange. Le sourire aux lèvres, la sincérité au fond de ses yeux, les mots qu’il fallait, le jeune homme n’était pas en reste pour faire parler les gens sans qu’ils ne s’en rendent compte. Et les voila qu’ils parlaient de la tristesse de la vie : les faux amis, les déceptions, les amours déchus, les familles déchirées, les couples brisés et les larmes retenues. C’était fou comment les gens voyaient la vie en noir … Il faut dire que le monde n’était pas au meilleur de sa forme ces derniers siècles et que la déchéance prenait le dessus sur l’espoir et l’envie de se battre. Pourquoi ? Les hommes n’arrivent plus à croire en quelqu’un, en quelque chose qui pourrait les sauver. Ils ont du mal à s’en remettre à Dieu, trop peur d’être déçu à cause de leur quotidien, pourquoi eux et pas les autres. Toujours les mêmes questions commençant par pourquoi. Les gens étaient si négatifs alors lui tentait de prendre les devants et parler de sa vie, de ce qu’il pensait. Les autres lui disaient que Dieu n’écoutait personne, à douter qu’il existait. Bon, notre ange ne pouvait pas dire qu’il en avait une preuve absolue mais donnait toujours son avis. Le tout avec un semblant d’assurance, malgré sa timidité, et une conviction dans sa voix. Puis il ne fallait pas oublier ce contact. Peut être que vous ne le savez pas mais quand un ange vous touche, une légère vague de bien être vous envahit et vous fait du bien. Et quand on monte en grade, il y a aussi cette aura qui fait tant de bien. Alors, vous pouvez être sûr que notre protagoniste l’utilisait, l’usait même, rien que pour les gens se sentent un peu mieux. Ca marchait souvent, cela mettait du baume au cœur aux uns et il y avait un sentiment de mission accomplie pour l’autre.

C’était donc avec le sourire que Cas’ rentra chez lui à pieds. Pas besoin de son scooter, il ne vivait pas loin de son travail. Tout à portée de main : maison, job, plage. Pas besoin de demander beaucoup plus pour avoir son petit havre de paix. Il était installé là depuis trois ans et n’avait jamais rouspété sur son quartier. Le soir, on pouvait l’entendre jouer de la musique sur les bords des canaux ou sur la plage, parfois même il montait sur scène au Jamaïca quand il y travaillait le soir. Tout était bon pour s’exprimer en note et en gamme. La musique était son don, en jouer était son petit bout de paradis terrestre alors il ne se gênait jamais pour prendre son harmonica ou sa guitare et jouer un morceau, qu’il soit improvisé, de sa composition ou alors de quelqu’un d’autre. La musique adoucit les mœurs dit on et qui sait, les notes pouvaient aller jusqu’au cœur pour le soigner. Lui c’était comme ça qu’il se faisait du bien. Enfin ça et penser à la belle Lesly. Il ne l’avait pas encore revu mais il ne désespérait pas. Pourquoi ? Impossible de vous le dire avec des mots, le jeune homme savait, une petite certitude au fond de lui ! Enfin bref … Le voila donc chez lui. Peut être allait il ressortir mais avant un peu de détente en s’allongeant sur son canapé pour reposer ses jambes. Hé oui, Casey était toujours debout derrière son bar alors prendre soin de ses jambes était indispensable. Que pouvait il bien faire après ? Peut être appelé Kévin, son protégé. Cet humain était gentil mais dingue. Un illuminé comme il s’amusait à l’appeler. Ce garçon croyait en l’existence des anges et démons, persuadé aussi que Cas’ était son ange gardien. C’était vrai mais il ne fallait pas que cela se sache alors notre ange était obligé de mentir mais ça ne passait pas vraiment … Mais au moment où il prit son téléphone et cherchait le numéro dans son répertoire, quelqu’un cognait à sa porte. C’était toujours surprenant que quelqu’un se présente à sa porte, lui ne connaissait pas grand monde et les personnes en général ne savaient pas où il vivait. Il disait toujours Venice, point. Et comme c’était plutôt vaste, il était tranquille. Sans regarder dans le petit juda pour voir qui c’était, un tort qui lui portera préjudice un jour, il ouvrit et vit devant lui … Dana !! Ses grands yeux verts s’ouvrirent, écarquillés et un large sourire se dessina sur ses lèvres.

Dana !!

Sans attendre quoi que ce soit, il la prit dans ses bras, tout heureux de revoir sa meilleure amie après autant d’absence et tout ce qui lui était arrivée. Plusieurs fois, le jeune homme avait essayé de la revoir mais son emploi du temps n’était pas toujours le plus adéquat et disons que l’on lui mettait des bâtons dans les roues pour l’en empêcher. Allez savoir pourquoi … Mais la revoir devant lui, la sentir dans ses bras, c’était un plaisir immense, indescriptible. Dana était un peu comme sa sœur angélique et quoiqu’elle ait fait, lui était persuadé qu’elle n’était pas capable de tels actes. C’était un ange dans son cœur et son âme. Et quand il est sûr de quelque chose, soyez sûr que Mister Sloane ne va pas en démordre. Toujours dans ses bras, sur le pas de la porte, il continuait de la serrer un peu plus fort comme s’il avait peur qu’elle reparte de nouveau.

C’est si bon de te revoir, tu m’avais tant manqué …

De nouveau, elle sentit les murs de son château se reformer, se durcir, se renforcer, renaître. Quand le jeune ange entoura le corps de Dana, elle se sentit si bien tout d’un coup. Comment pouvait-elle y résister? Pourtant, elle était au courant de se pouvoir, mais elle était incapable de refuser quelques seconde de bien-être. Était-ce un faux sentiment? Elle ne saurait le dire. Quoiqu’il en soit, elle se laissa bercer lentement par cette vague de bonheur, sans rien dire. Dana déposa la tête sur l’épaule de son ami, puis elle ferma les yeux. À ce moment précis, elle était prête à lâcher toute la tristesse qu’elle avait en elle d’un seul coup. Comme si Casey pouvait la lui retirer au complet, la lui arracher. Peters savait que c’était irréaliste, c’était sans doute pour cette raison qu’elle se retint. La première raison de sa visite n’était pas pour embêter Cas avec sa peine. Elle l’avait assez fait, auparavant.

Son étreinte s’était refermé sur elle. Pour rien au monde elle aurait voulu s’y soustraire. Son meilleur ami lui faisait tellement de bien. Il était la dernière personne qui croyait encore en elle. La dernière personne qui voudrait être avec elle. Dana n’était qu’une meurtrière, rien de moins. Difficilement, elle ravala sa salive et, en même temps, sa peine. Cela lui prit plusieurs seconde, environ 10, avant de répondre à Casey. Elle n’avait pas les mots pour s’exprimer de façon la plus juste possible. Elle trouva néanmoins quelque chose à dire, dans sa voix la plus normal que possible :

« Moi aussi Casey, moi aussi. Je suis désoler de n’être pas passé avant… Je… Je suis contente de te revoir. Comment vas-tu? Ton travail semble te prendre énormément de temps… Je veux dire! Je veux dire… Ce n’est pas pour être méchante… C’est une constatation… Ah et puis zut! Tu me manques vraiment point. »

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Vraiment, il n’y avait seulement que la présence de Casey qui pouvait faire naître un tel miracle. Toujours blottit contre lui, elle ne désirait même pas s’éloigner de lui tellement elle était bien. Seulement bien. Puisqu’ils n’étaient pas ensemble, une petite gêne commença à germer en Dana. *Depuis quand je me soucis de cela?*. Cependant, elle ne resta qu’une fraction de seconde, jamais Dana ne devait être gêner de quoi que ce soit. Ils avaient toujours eut une grande amitié. Il n’avait rien à être embarrassé d’une telle chose. C’était probablement la seule chose qui pouvait sauver Dana.

Cette joie débordante se laissait transparaître dans ce flux de bien-être qu’il lui donna. Il ne le contrôlait pas en cet instant, bien trop heureux de revoir son amie après tant de temps. Elle avait maigri il trouvait mais était toujours aussi jolie et puis on ne change pas en aussi peu de temps, si ? Bon d’accord, Dana était passée du camp des anges à celui de rien, de bannis. Mais Casey savait, il savait qu’elle n’avait rien fait de son plein gré. C’est ce qu’il fallait souligner. L’acte n’était pas fait de sa pleine conscience … Mais Là-Haut, le Conseil avait été strict là-dessus : Dana devait être punie car ce qui est fait ne peut être défait. C’était triste à dire mais les lois sont parfois injustes. Cas’ n’était qu’un simple ange, sa voix se faisait rien que de se perdre dans le vide, il n’était pas assez puissant si assez influent pour la sauver. Sinon, croyez moi que le jeune homme aurait tout donné pour qu’elle reste parmi eux. Bien que pour lui, tant qu’elle restait dans son cœur, c’était le plus important.

Et d’être dans le sien. A quoi servirait une amitié sinon si elle ne marchait que dans un seul sens ? La sentir contre lui le rendait heureux et puis quand elle se mit à parler, il l’écoutait attentivement, son amie semblait être perdue jusque dans ses mots. Peut être cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas parlé avec quelqu’un qui ne l’accusait pas, qu’elle pouvait être réellement sincère sur sa nature et ses sentiments, ce qui ne devait pas être tous les jours le cas, surtout ces derniers mois. Mais entendre qu’il lui avait manqué faisait plaisir. Bon, il aurait préféré être là tout le temps, l’accompagner et la soutenir quoiqu’il se passe mais on lui mettait des bâtons dans les roues et puis le temps passe sans qu’on se rende compte, 24h ne suffisait presque pas pour faire dans une journée tout ce qu’on voulait. Mais l’ange allait se rattraper, ça vous pouvez en être certain. Le jeune homme ne laisserait pas tomber à nouveau celle qui avait besoin de lui. Qui n’avait QUE lui. Quelle mission importante lui donnait on à ce moment là mais il ne fuyait pas devant tant de responsabilités, au contraire, il le prenait à bras ouverts comme il avait pris Dana quelques secondes avant. Ils restèrent encore quelques secondes ainsi, dans les bras l’un de l’autre. Puis Cas’ se détacha, la tenant toujours dans ses bras mais il pouvait la regarder dans les yeux. Elle souriait et elle rayonnait presque s’il n’y aurait pas autant de tristesse dans ses yeux.

Moi ça va, mais je pense que c’est moi qui devrait te poser la question. Ca fait longtemps, j’ai manqué à mon devoir d’amis de venir te voir, j’espère que tu ne m’en voudras pas. Allez, rentre, tu es toujours la bienvenue à la maison, tu le sais bien !

Il s’écarta de l’encadrement pour la laisser entrer. Elle pourra constater par elle-même qu’ici, rien ne changeait. Rien de mieux que d’avoir des repères et des lieux familiers pour se retrouver un peu soi même. Il y avait toujours cette déco un peu roots, aux couleurs vertes mais simples, les mêmes meubles, le même canapé un peu vieilli à force de s’asseoir dedans, la guitare toujours dans son étui contre le mur … Rien ne changeait ici et Dana était comme chez elle. Elle le sera toujours. D’ailleurs, elle semblait détailler la maison en entrant. Casey gardait toujours un petit sourire sur ses lèvres en la regardant. On aurait dit que ces derniers mots étaient des années tellement elle lui avait manqué.

Ici rien n’a changé, comme la dernière fois que tu es venu. Pas les moyens de refaire la déco et surtout pas envie … Alors, dis moi comment tu vas ? Et pas de mensonges hein …

Il la connaissait trop bien, son amie ne dirait pas qu’elle n’allait pas aussi bien que certains pouvaient le penser. Heureusement qu’un ami savait être là, écouter, réconforter et surtout, oui surtout car c’est le plus important, ne pas juger. De plus, Dana l’avait bien trop été pour que quelqu’un en rajoute …

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