Bureau => Cultiver mais pas forcer |Darren|

Colère.
C’est tout ce que ressentait Satan à cet instant. Pourquoi donc ces bras gauche n’arrivait-il pas à se plier aux règles qu’il imposait.
Fallait-il qu’il les dégrade tous l’un après l’autre ?
Fallait-il qu’il leur montre qui était le patron et qui commandait ?
Monsieur Le Maître venait de quitter son parfait contraire, Houston, qui lui fit part de l’acte des plus déloyales commis par Darren Roller et Rita Foster.
Bien sûr qu’il était au courant, pour qui se prenait donc cet espèce de grand singe vêtu de blanc, mais n’était-il pas normal qu’il fasse un gros semblant de rien.
Ils avaient tués deux jeunes enfants, de leur main ou de leur volonté, devant des témoins, et il fallait réparé cette bévue.
Deux heures…
Deux heures de négociation avec le maître des cieux pour obtenir contrepartie à cette résurrection qu’il demandait.
Peut-être croyait-il qu’on pouvait effacer des actes négatifs comme ça….sans que Satan ne demande une contre partie ? C’était mal connaître le Dieu des enfers qui ne l’entendait pas de cette oreille et qui espérait bien obtenir une indemnisation, qui espérait bien mettre à profit les actes inconsidérés de ces démons.
Alors pourquoi cette colère, alors qu’il avait obtenu satisfaction….puisqu’il avait obtenu le droit de marquer l’être humain de son choix….
Tout simplement parce que ne peuvent être tué qui peut le servir….Nul ne peut être assassiné de sang froid sans raison valable, et ces enfants n’avaient rien fait.
La justice, il s’en moquait mais il ne souhaitait pas perdre sa guerre pour l’incompétence des siens.
Il avait déjà été cueillir Rita, ne restait plus qu’à rappeler à l’ordre Darren qui commençait sérieusement à l’agacer…….
Vêtu de noir, le cigare dans la poche de son veston, Monsieur Le Maître se présenta au vigile qui sans mot dire, le laissèrent passer. Il grimpa au deuxième étage, en veillant à n’attirer que peu de regard sur lui, il était 2h du matin plus ou moins, tout le monde était déjà presque saoul en train de se déhancher sur la piste ou s’adonner à toute autre forme de perversité.
Arrivé aux deuxièmes étages, Satan se posta devant la porte du bureau de Darren qui, il le savait, était vide.
D’un geste de la main, il fit sauter la serrure dans un silence digne de sa puissance et il pénétra dans ce lieu interdit de tous, sans attendre son reste ni son dû.
Il contempla les décorations, les alentours, et surtout les gens dans les écrans de contrôle. Ils étaient pitoyable….une bombe ici et nous aurions une belle brochette de démon n’est ce pas….Dommage que les règles du jeu ne le permettent pas…….
Quels étaient-elles d’ailleurs ?
Ah oui, ne pas obliger les humains à se jeter dans la gueule du loup mais les inciter à faire leur propre choix inconsciemment….
Le contraire serait trop facile n’est ce pas ? Par sa simple volonté, Satan pouvait pousser un homme à en tuer un autre sans motif valable…
Les règles du jeu est tout simplement de cultiver la haine chez le sujet tout simplement…..
Satan s’avança vers le bureau et s’installa avec nonchalance dans le haut fauteuil de Darren, à son bureau…à sa place…..
Jouant avec un bic traînant sur celui-ci, il répéta dans la tête de son bras gauche.

« Eh bien eh bien, c’est un joli bureau que tu as la mon cher…peut-être pourrions-nous y avoir une petite discussion…Tu aurais du le mettre au sous sol, pres du cœur de la terre il fait plus chaud tu sais….. »

Rien n’était dit audiblement, tout se passait dans leur tête…
Il ne donnait pas moins de 10 min à Darren pour débarquer dans son bureau avec de la colère dans l’œil.
Le but du jeu : Cultiver mais pas forcer…

Sauf que pour une fois, le Maître des Enfers se trompait formellement. Darren n'était pas en colère. Il savait que Satan était ici, rien qu'à l'aura profondément obscure qu'il dégageait. Il l'avait senti pénétrer dans son antre, cet antre qui était aussi le sien. Et la seule personne qu'il pouvait autoriser à prendre siège sur son bureau, c'était son Supérieur. Il doutait profondément que ce dernier soit là pour parler affaire mais s'il venait pour la raison à laquelle le Bras Gauche pensait, il ne serait absolument pas inquiété par quoi que ce soit.

Il arriva devant la porte de son bureau et l'ouvrit sur le Maître. Ce dernier avait pris place sur son fauteuil et semblait être comme lui. Par télékinésie, Roller amena un cigare dans ses mains, un briquet et verrouilla la serrure. Il alluma le long cylindre de tabac ce qui fit un peu de fumée toxique. Il avança jusqu'au bureau, pris un siège et s'assit dessus, en mettant ses pieds sur la table. Il regarda longuement son Patron. Il n'avait visiblement pas changé depuis la dernière fois. Leur dernière entrevue avait été plus tranquille que celle là, Darren était loin d'être idiot il savait pourquoi IL était là... Il fit des ronds de fumée et parla d'un ton froid par télépathie bien sûr :

"Tiens tiens... le grand Maître des Enfers me rend une visite à mon second domicile... Quelle chance je peux avoir... Il t'aura fallu presque vingt ans pour venir dans ce bureau, Satan... alors, épargne-moi ton goût pathétique pour la décoration. Ici, comme tu peux le voir, je suis le maître des lieux. Je décide d'aménager à ma façon chaque élément. Il serait tant que nous nous mettions d'accord. Je fais toujours mon travail avec la plus grande indépendance."

Il darda sur lui un regard sinistre avec un petit sourire ironique. Jamais il n'avait vouvoyé son supérieur qui pourtant était la source de ses pouvoirs, celui qui en un claquement de doigt pouvait le faire disparaitre, le bannir. Mais Darren était bien trop important pour l'Enfer. Il avait une puissance télépathique presque égale à celle de Satan et sa cruauté avait souvent fait ses preuves. Sans se départir de son sang froid, il ouvrit une petite armoire où siègeaient des verres et des bouteilles d'alcool. Il amena le tout sur le bureau, toujours par le pouvoir de son esprit. Lorsqu'il se fut versé un verre de whisky, il reprit :

"Tu es assez grand pour te servir toi-même n'est-ce pas ? Alors, fais comme chez toi. Je n'ai pas de secret pour toi... je sais pourquoi tu es là... L'autre emplumé de service est venu chialer dans les bras de tonton Diabolicus parce qu'il a perdu ses enfants... Houston devient de plus en plus pathétique avec ses gros sanglots de Monsieur J'aime-tout-le-monde... Je suppose que tu es là pour me sermonner sur ma méthode de travail comme tu l'as fait pour l'emplacement de mon bureau. Mais ne t'étonne pas si je ne suis pas surpris... Tu es simplement en retard... l'autre débile a du être plus long de prévu. Il ne cesse jamais de se plaindre. Donc, je vais écouter ce que tu as à me dire et ensuite je t'exposerai les raisons de tout ça..."

Pour une fois, il n'était pas méchant dans la façon dont il parlait spirituellement, sauf peut-être lorsqu'il comparaissait Dieu à un débile... et encore... ce n'est rien... il avait lâché des mots bien pires. C'est fou comme les gens pouvaient parfois le prendre pour un malade psychopathe assoiffé de sang. Il tuait, certes mais jamais sans intérêt derrière. Presque la totalité de ceux encore vivants, ou morts qui en avait entendu parler le croyait puissant et stupide... Ces soupçons totalement infondés constituaient sa plus grande force... car en réalité, les plans de Darren étaient toujours bien plus obscurs... tout comme son âme.

[Waouh….de l’humilité dans ton post ? pas possible…IMPOSSIBLE…..Ca cache quelque chose…]

Au grand étonnement de Satan, Darren ne semblait pas vexé ni même en colère qu’il franchisse les portes de son bureau sans demander audience, qu’il prenne place sur son siège de cuir alors qu’il n’était pas à son bureau. Son démon supérieur aurait-il appris ce qu’était le respect de la hiérarchie ? Non ! C’était totalement impossible…purement et simplement inconcevable, cet homme n’avait jamais rien respecté….Ce n’est pas maintenant qu’il s’était mutilé, en défenestrant avec cette volonté qui était sienne, qu’il allait respecté les échelles. Il n’aurait plus été Darren.
Satan le vit pénétrer dans son bureau et prendre place face à lui amenant à ses doigts un cigare qu’il s’alluma.
Monsieur le Maître aurait pu l’accompagner mais il n’allumait l’arme humaine la plus dévastatrice que lorsqu’il se sentait dans un état de joie intense où lorsqu’il avait cette sensation qu’il venait de gagner une bataille et ce n’était pas encore le cas. A cet instant, il n’était pas du tout, mais alors pas du tout satisfait.
Il était face à son bras gauche et il lui sourit de façon narquoise avant de prendre la parole audiblement alors que Darren venait de fermer une serrure inexistante puisque endommagée par Satan.

Aucun autre sentiment que la moquerie ne se lisait dans le timbre de la voix de Satan qui avait bien entendu fait expres de parler à voix haute. S’il l’avait souhaite, il aurait pu d’un simple geste de la main actionnait le mécanisme de la porte et par la force de son esprit mais, il était arrivé trop en colère pour se faire. Satan n’est autre que la représentation même de chaque péché dit capitaux poussé à l’extrême.
Son orgueil n’a d’égal que les pouvoirs qui lui sont octroyés, son envie se complait souvent dans sa luxure ou sa gourmandise, alors que son avarice n’a d’égale que sa sournoiserie et nul n’est à l’abri de sa colère. Quant à Darren Roller, il n’était que le fruit de la paresse de Satan….
Cela dit, il se trouvait donc confortablement installé dans les bureaux d’un autre comme s’il s’agissait du sien tout en se permettant le sarcasme.
C’était au tour de Darren de prendre mentalement la parole et Satan écoutait paisiblement ce que celui-ci avait à dire. Décidément, il aimait les longs discours…..ou peut-être aimait-il tout simplement s’écouter parler à défaut de voir les autres le faire…ils l’entendent certes, mais quant à l’écouter….c’est une autre histoire…
Il savait qu’il n’avait pas fini…..et Satan avait toujours préféré écouter, analyser et prendre en considération chaque mot, chaque respiration, chaque intonation, afin de ne rien oublier, délaisser et pouvoir répondre en connaissance de cause…..de toute façon, il se moquait bien de la façon dont Roller pouvait promener son regard d’impétueux.
Darren se servit un verre de Whysky narguant Monsieur d’en faire autant s’il le souhaitait…..celui-ci jeta un œil sur le verre avant de reporter son attention sur Darren et les expressions de son visage.

« Darren….à trop parler, tu risques d’y laisser plus de plumes que les anges eux-mêmes….façon de parler bien sûr…..Quand comprendras-tu que te laisser agir indépendamment de moi, ne veut pas pour autant dire que tu peux agir avec démesure, sans tenir compte de ce qui peut me porter préjudice ? »

il avait beau être en colère, sa voix résonnait avec un calme olympien, comme à son habitude…mais fallait mieux ne pas le pousser à bout…

« Tu sais ce que représente l’assassinat de deux enfants….les pousser par ta volonté à tuer est un assassinat et ce ne sont nullement les règles de notre petit jeu…..ou de notre guerre, comme tu voudras…..tu n’es pas le maître du jeu……Tue encore un enfant et je fais de toi le meilleur ami de Dana Peters….Et ce n’est pas une menace en l’air….Tu sais que j’en suis capable……Je déteste avoir a négocier avec cette bête en blanc….Je déteste le voir pénétrer dans les entrailles de mon bâtiment et constater l’infériorité de chacun d’entre vous face à lui…La prochaine fois que par ta faute, cela doit arriver….je risque de te parler avec beaucoup moins de sympathie…..et je me moque bien d’avoir le droit de marquer une personne en plus…..et une totalement innocente……Comme j’ose encore espéré que tu n’as pas simplement agi dans le but de m’exaspérer….ou de ma narguer…je t’écoute…..dis moi donc ce qu’il sait passé dans ta tête, avant que je n’y entre moi même….. »

Son discours était resté passible, même ces fois où il menaçait, rien n’était perceptible dans le son de sa voix.

Et c'est alors qu'apparut au grand jour toute la vraie démesure de Darren. Ce n'était pas sa violence, non, il l'avait mise un peu en sommeil pour se préparer à la bataille qui aurait probablement lieue ce soir ou le lendemain... c'était ce ton irrespectueux qui jusque là n'avait pas pointé un seul bout de son ombre... Il se moquait bien des menaces de Satan dans le sens où il n'avait pas d'autres raisons de tuer encore des enfants ou d'assassiner quelqu'un. Car, oui, il avait bien un plan... et ce plan était un succés des années de travail mise à son service... Il adressa un sourire à son Maître et par télépathie il ouvrit un de tirois situés dans un caisson roulant, derrière le Roi des Enfers. Un dossier de papier lui vînt directement dans les mains et il reprit sur un ton glacial mais au combien moqueur... il était lui...

"Tiens... je vois que tu me menaces... tu te ramolis, on dirait, dois-je comprendre que j'ai piqué ta curiosité ? Tu as entièrement raison, tout ça n'était qu'un vil et immonde assassinat... Et alors ? Tant que cela sert nos plans ? Houston n'est qu'un débile... et si tu sortais un peu plus souvent et que tu accomplisses ta tâche au lieu de rester sur ton trône à savourer l'action de tes Démons, je n'aurais peut-être pas été obligé d'intervenir de la sorte. Jusqu'à présent la seule chose que tu fais c'est me menacer de bannissement, alors que si je n'étais pas important pour toi et tes intentions, tu m'aurais déjà mis dehors, non ? En tout cas, c'est ce que j'aurais fait en toute logique... Et si je voulais du travail parfait, je n'aurais pas de sous-fifres... Se reposer sur les autres, c'est bien, Satan, mais encore faudrait-il voir de se mettre au service minimum. Ton entretien avec l'empaillé de service n'aura pas été aussi douloureux que celui que nous avons eu avec ses gosses... et pourtant, je toruve que nous y sommes allés en douceur..."

Oh, certes tout cela n'allait qu'accroître la colère de Satan. Darren savait que l'Immortel pouvait le casser en deux rien que par la force de son esprit, lui faire ravaler sa fierté, et tous les mots qui allaient avec. Mais que pouvait faire Satan hormis le faire souffrir ou le bannir ? Rien, car il était déjà mort. Etre immortel est très avantageux. Néanmoins, le Maître le connaissait assez bien pour savoir à quel point cet esprit révolté était familier. Depuis qu'il avait été Démon, le jeune Roller l'avait toujours démontré. Et non, avec l'âge, il n'était pas devenu sage... Bien au contraire, plus il se rapprochait du pouvoir, plus il avait de l'assurance... pardon... de l'arrogance...

Ses yeux bleus se posèrent sur le dossier qu'il lança sur le bureau à l'adresse de Satan. Il ouvrit la première page cartonnée. Une photo apparut, c'était celle d'une jeune fille, blonde, les yeux d'un bleu pur qui à eux seuls rendait la photo magnifique. Oh bien sûr, tout allait s'explique, Darren avait quelques commentaires à lâcher mais avant il but son whisky d'une gorgée et tira une nouvelle fois sur son cigare. Son visage se rafermit et il lâcha sur un ton abject et insolent, dans l'esprit de son puissant interlocuteur :

" Je te présente, Rose... cette traînée est ma nièce... plutôt sympa n'est-ce pas ? Si nous partions depuis le début... car je doute que tu sois au courant, vù le nombre de jours que tu mets à venir jusqu'à moi pour me menacer... L'autre abruti qui te sert de frein sur les décès infantiles est un petit fûté. Pendant que toi, tu te prélasses sur ton fauteuil, lui agit... Matt est revenu, et ce n'est pas pour rien... La plus grande menace à l'heure actuelle, c'est moi, Houston ne cherche donc qu'à m'anéantir pour te mettre en échec. Au moins, il y en a un des deux qui est intelligent... Donc, Matt est là pour me sauver en quelque sorte. Ce que je t'ai jamais dit, ce que je surveille sa fille de loin... je sais où elle est... Et tu vois, là où l'avenir se fait sombre, c'est que je doute que Matt soit aussi faible que Silver ou l'autre blondasse... Bien au contraire, il est fort, puissant... j'ai enfin un ennemi à ma taille ! Mais voilà... Houston n'est pas bête, il sait parfaitement, tout comme moi, que cet affrontement dévoilera une faiblesse... je ne sais pas encore laquelle mais il n'enverrait jamais un de ses bras droit les plus aguerris pour faire mumuse... ou alors pour que je lui le renvoie les pieds sur le ventre... Donc, avant que ton total opposé ne te porte un coup grave, je prévois mes arrières... Le plus touchant c'est que lors de ma défenestration, Houston était triste... Ces imbéciles s'ont incapables de ne pas aimer même la pire des pourritures ! Matt a toujours aimé ceux qui l'entouraient... et le comble, c'est même s'il n'a jamais vu sa fille, je suis persuadé qu'il l'aime énormément... Sa première faiblesse, c'est moi... et sa seconde c'est sa fille. L'emplumé a voulu nous doubler mais, le dossier devant toi est la personne qu'il te faut marquer. Ainsi, nous jouerons sur le même pied d'égalité. Je ne suis pas du genre à dire ça mais, il faudra la marquer après notre rencontre... une fois que Matt aura fait ce qu'il devait faire. Ainsi, nous équilibrons les choses et cela va rabattre le caquet de l'emplumé. Ou alors, tu peux toujours me bannir, si ça te chante, personellement, je m'en moque, je ne regrette ni le geste que j'ai fait sur la gorge de ces demi-portions ni celui que je vais faire en te proposant de marquer cette fille. Comme toute guerre a ses sacrifices, le tien a été de rencontrer et de délibérer avec Houston, tout Maître a ses stratèges !

Face à l’expression la plus notoire de sa paresse, cet homme ne l’agaça jamais autant qu’aujourd’hui. Non pas à cause du ton qu’il utilisait pour s’adresser à celui qui était son maître, mais plutôt à cause du sourire satisfait qu’il lui collait au visage. Satan se moquait bien de la façon dont on s’adressait à lui, il méprisait le respect et n’en connaissait pas de définition qui l’agréait.
Par exemple, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi tant de gens le méprisait, ou plutôt, méprisait son image… ?
Pourquoi tant de gens encore dédaignait son œuvre au profit de celle de Dieu, alors qu’il était aussi puissant que lui…. ?
Il n’avait jamais forcé quelqu’un à faire le mal, il apprenait juste aux hommes vaniteux qu’il était tellement plus facile de vivre en contournant les règles, l’argent sale, l’argent facile, contourner les lois, les enfreindre, et être assez libre que pour n’avoir peur de rien ni de personne.
Non ! il n’avait jamais forcé personne à faire le mail….Il leur apprenait tout simplement que le bien est une contrainte qui empêche d’être parfaitement heureux, et que la vie ne vaut d’être vécue si l’on vit dans la peur…
C’était louable non ?
Alors pourquoi on respectait cet hypocrite si puissant qui n’a jamais cherché à empêcher Satan d’agir…. ;
Pourquoi les Hommes respectaient-ils Houston qui regardent le monde se complaire dans le mal pour préserver son seul but dans la vie ?
Décidément, monsieur n’aimait pas le respect, et lui préférait le mépris….le mépris des lois, le mépris de l’autre, le mépris de tout ce qui est bon…..
Satan, sans faire un seul geste, ouvrit le dossier pour en observer les photos et autres documents tout en écoutant son sbire lui raconter avec toute la mise en scène qu’il sait y mettre le « pourquoi du comment ».
A priori, Darren n’avait rien compris…Satan ne le menaçait pas, il le mettait en garde….la nuance était importante.
Le Bras Gauche, dans ces élucubrations primates entre le mal et le bien, n’avait strictement rien compris… Tuer n’est pas faire le mal, pousser au meurtre était plus jouissif...
Darren tuait, mais que ressentait-il ?
Comme d’habitude, toute la première partie de son discours n’était que du vent et de la provocation qui n’atteignait pas spécialement Satan….pour la simple et bonne raison qu’il était bien trop habitué à l’entendre, à entendre ce discours sur sa paresse…mais que pouvait bien faire ce Satan de ce que pense ce démoniaque colifichet ?
La photo d’une jeune fille aux traits d’une grande finesse aussi belle que le Diable lui-même, la tentation à l’état pure….Satan saisit la photo avec cette délicatesse et cette quiétude qui le caractérisait, profitant du silence si agréable que Darren avait bien voulu laisser prendre place dans l’atmosphère. …quel bonheur pour ses oreilles…Dommage que ce fut si court…il reprit la parole…
Cette jeune femme aux yeux si envoûtant s’appelait Rose….et elle était sa nièce….Si elle était sympa ?
Satan se contentant d’incliner la tête en guise d’approbation.
Que Houston avait fait appel à Matt Roller, il était au courant.....ce sont les projets de Darren qui l’intéressait, non pas ceux de Dieu lui-même.
Etait-venu le temps de prendre la parole n’est ce pas ?
S’il avait bien compris, c’est qu’il voulait que cette fille soit marquée……Satan sourit, sortit de la poche de son veston le cigare cubain qu’il alluma d’un claquement de doigt avant d’en tirer une bouffée…..
D’un geste lent de la main, il attira à lui le verre d’alcool de Darren pour s’en servir de cendrier, et plongeant son regard noir et foncé dans le bleu de ceux de son démon, il prit la parole, un sourire narquois au coin des lèvres :

« Tu n’as décidément rien compris n’est ce pas ? Entends-tu le nombre de paradoxe que tu formules sur quelques mots ? Tu parles beaucoup trop mon cher et cela te perdra… Tu penses avoir perdu toute humanité mais l’on oublie jamais qui nous sommes et d’où nous venons…Immortel ne veut pas dire invulnérable, et bras gauche ne veut pas dire que tu as le droit de prendre les décisions à ma place ou de tenter de les influencer. Tu penses que Houston est débile, mais à t’entendre on croirait presqu’il est un fin stratège… Tu penses être la plus grande menace ? Sache que si je sors de mon antre, tu n’aurais plus lieu d’être.... »

Il tira à nouveau sur son cigare, s’apprêtant à faire part de son avis à Darren, se levant de la chaise qui n’était pas la sienne et il termina :

« Je suis désolé mon cher, mais je ne marquerai pas ta nièce… Pourquoi le ferais-je ? A t’entendre tu es plus puissant que moi non ? et tu sais que je pourrais détruire Matt d’une simple agression mentale…ce que tu es incapable d’accomplir alors vois tu….Je ne la marquerai pas…..Tu as raison Darren….Tu as raison sur une chose et pas les moindres…..pour que le travail soit bien fait, il faut le faire soi-même… et seul….donc je choisirai seul qui je destinerai à me rejoindre….Elle est tentante…mais je ne sais rien d’elle….a-t-elle l’âme assez noire pour ne pas me faire faux bond, comme cette traînée de Docteur Crew ? A-t-elle l’âme assez vile que pour mériter que je me penche sur son cas ? »

Il éclata de rire, alors que son ton était inqualifiable…
Il s’apprêtait déjà à quitter le bureau lorsqu’il termina avec ces mots :

« Tu devras faire remplacer la serrure de ta porte, je l’ai endommagée…..comme ton plan si bien ficelé….Tu as besoin de moi n’est ce pas ? mais pour moi tu n’es rien….A bientôt Darren….et N'oublie jamais que tu es le fruit de mon oisiveté....rien de moins....et surtout rien de plus..... »

Il ouvrit la porte comme il était entré, sans l’endommagé puisqu’il ne pouvait plus la fermer, et d’un geste de la main, il attira à lui la photo de Rose…..

"Recontacte-moi le jour où tu décideras de sortir de ton antre... Mais d'ici là, ne te clame pas supérieur à ceux qui oeuvrent pendant que tu fais ta sieste. Matt est toujours là parce que tu es incapable de le détruire, tu as trop peur de Houston pour agir contre lui... Tu te terres... voilà ce que tu fais et je n'aurais de cesse de te le rappeler... Pour l'instant, la situation veut que tu sois au second plan et moi au premier. C'est ainsi que vont les choses... Ricanes autant que tu le souhaites, si ça te chante, retourne t'enfermer dans cette solitude au plus profond de ton bureau, sur ce trône... Tu ne sais faire que ça. Tu prends pour excuse l'équilibre des pouvoirs mais Houston fait pencher la balance dans son camp. Méprise-moi, mais le jour où tu auras échoué ne viens surtout pas me donner des leçons... Pendant que tu le laisses faire échec et mat, d'autres essaient de parer... Tu as sans doute raison, je parle trop... mais rassure-toi, ça ne me perdra pas. Tu l'auras fait bien avant pour que je m'inquiète."

Satan l'avait recadré à la place qui était la sienne, celui de sous-fifre mais pour autant Darren en se leva pas une seule seconde... Il n'avait dit que ce que Satan devait savoir... tout le monde le croyait si bête, si sot... car si brute. Son propre patron le premier. Pensait-il vraiment que son Bras Gauche n'ait pas de plan de secours ? Certes, cela compromettait ses plans à première vue, mais il n'était en aucun cas lésé... Il avait bien d'autres moyens d'agir sans la marquer... mais pour l'instant, Satan semblait vouloir sortir par la grande porte en héros. Il l'écouta attentivement et fasciné par la façon déconcertante dont il venait de se vanter, il lui demanda, sans censurer un seul mot, à voix haute car il jugeait inutile de le faire par télépathie :

- Dois-je comprendre que tu penses me punir pour mes actes sur ses gosses ridicules ? Tu penses peut-être que je t'ai forcé la main, mais c'est faux... Etudie longuement le dossier, et après cette relecture au combien pénible, nous pourrons alors nous apercevoir que j'avais raison... Une dernière chose Satan... Tu oublies tes cendres... A moins que tu en veuilles me laisser en souvenir de ce doux passage, si rare et si futile ?

Il fit voler le verre paisiblement jusqu'à lui et lui adressa un sourire de défi. Il ne gagnait que la satisfaction de voir le Maître statique à ses piques ou à ses quolibets si vous préférez... Darren n'avait pas l'intention de le laisser s'éterniser mais si Satan avait réellement l'envie de partir, il serait déjà loin. Par conséquent, leur situation était quelque peu tendue. Du mépris avait toujours circulé c'était normal, mais pour la première fois, Darren commençait à douter sérieusement de ce qu'il défendait. Le Maître était au final plus conservateur qu'il n'en avait l'air et on ne gagne qu'en innovant. Satan était décidément bien sage... trop sage à son goût. Il émit alors une hypothèse, troublante mais qui n'était en aucun cas dénuée de sens :

- Peut-être n'y a-t-il jamais eu de véritable vainqueur en enfer... mais plutôt un vaincu... résigné à obéir aux règles qui ont damné son âme...

Satan s’était arrêté dans le couloir pour entendre ce qu’avait à lui dire son bras gauche, en sachant d’avance qu’il en avait pour un moment à rester dans le couloir, tant l’autre homme aimait s’écouter parler.
Quel perte de temps n’est ce pas ?
Sur le seuil de la porte, à mesure que son Bras Gauche parlait, son sourire narquois s’agrandissait sur son visage, s’élargissait face à la réaction de Darren. Il ne s’était pas attendu à ça, et il n’aurait su le cacher….que cela était jouissif pour le maître des enfers.
Darrent avait eu la prétention de croire qu’il avait son mot à dire sur la façon dont sont régis les enfers et dont sont choisis les nouveaux intervenants mais, il se trompait bel et bien…
Seul Satan décide de ce qui est a été, ce qui est et ce qui sera dans son royaume.
Nul ne pouvait prétendre à son trône, car d’un geste de la main, il pouvait détruire chacun des démons…lui ôté tout pouvoir, tout avantage et Darren ne faisait pas exception, aussi puissant pouvait-il être.
Encore à présent, il avait l’audace de sous-estimer les pouvoirs de son maître…..et Satan ne l’entendait nullement de cette oreille.
Il fit un pas en arrière, plongea son regard sombre dans l’œil de son pion alors que celui-ci le sous estimait une fois de plus. Peut-être cherchait-il tout simplement à provoquer la colère de son maître, qu’il savait si rapide par moment…
Mais non, Satan n’était pas en colère et il ne s’énervait même pas, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait rien à prouver à la vétille qu’il était.
Darren dans un de ces magnifiques et habituels monologues amena lentement son verre de whisky qui avait servi de cendrier à son maître, jusqu’à celui-ci qui ne put qu’éclater d’un grand rire…Un rire sournois et sarcastique…..ce qu’il pouvait être pitoyable.

« Bla bla bla bla…… » lança-t-il laissant le verre la ou il était, dans les airs…n’était ce pas futile de la part de Darren de tenter de lui présenter de la sorte ? qu’attendait-il comme réaction ?

« Prie pour que je ne sorte jamais de mon antre….cela signifierait que je m’ennuie, et si je m’ennuie, je ne choisis pas des victimes aussi faible que Rebecca Hennessy ou son compagnon que tu as toi-même mené au même rang que toi, dans un style différent….Tu ne fais pas partie du secret des Dieux mon cher, tu n’as aucune idée de ce que je cherche et ce que je veux….comme tu n’as pas le droit d’agir en t’imaginant que de toute façon, j’agirai comme tu me le demanderas…Quant à ce dossier…..je n’en ai pas besoin, que tu aies raison ou non m’importe peu… bien que….oui…on peut dire aujourd’hui que tu es le vaincu des enfers tandis que je règne toujours et pour longtemps en maître mon cher….. »

D’une allumette qu’il alluma d’un souffle, il détruit le dossier, le brûla comme un vulgaire papier…..incinération d’un dossier qu’il n’en doutait pas Darren devait connaître comme sa poche pour l’avoir lu et relu.
La seule chose qui en restait était cette photo qu’avant de partir, Satan glissa dans la poche de son veston.

« Quant à Matt Roller, je suis déçu, vraiment déçu de constater qu’il te fasse peut à ce point…tu es pathétique et pitoyable…mais rassure toi, si tu échoues, je m’en chargerai moi même…..de cette vermine… »

Et il quitta le bureau et cette fois l’institution de débauche dont Darren était le maître, il grimpa dans un taxi avant de joindre l’esprit de Blaise pas télépathie et de lui figé le visage de cette Rose dans le crâne….

« Trouve la moi….Je veux son adresse dans 15 minutes, sur mon bureau....j'arrive... ….. »

Darren ne dit rien. Il savait que Satan ne conservait pas cette photo pour rien... peu lui importait les jérémiades du Maître, il avait eu ce qu'il voulait. L'antéchrist devait marquer quelqu'un et il y avait fort à parier qu'il choisisse Rose. Même s'il n'en était pas totalement sûr, par pur souci d'arrogance, il se dit que son supérieur voulait le sanctionner à sa manière pour le meurtre de ces gosses ridicules. Il laissa tomber le verre au sol et se rassit à son bureau. Alors que son maître partait, il ajouta par télépathie :

" N'oublie pas de l'encadrer cette photo... elle pourra te servir dans tes instant de solitude... "

Et puis, plus rien. La bras gauche se tut et claqua la porte de son bureau. Il fit venir son couteau dans sa main gauche et s'amusa un instant avec. Il réfléchissait à la future rencontre avec son frère. Contrairement à ce que Satan lui avait dit avec sarcasme, il n'en avait pas peur du tout. Il était habitué à voir les choses d'un aspect logique... et là, quelquechose lui échappait. Pourquoi Houston ferait-il revenir son frère en sachant très bien qu'il ne pourrait pas le ramener à lui ou l'isoler ? Dieu savait très bien que son âme était perdue depuis bien longtemps. Alors, non, un plan devait avoir été monté... l'ennui avec le pouvoir ce que très vite il plonge ceux qui le possède dans une névrose, une certaine forme de paranoïa.

Pour Darren il n'y avait qu'une seule raison pour ce retour : le mettre hors-course... Comment l'emplumé comptait-il y parvenir ? Bien que Matt ait de l'expérience, il ne pourrait jamais atteindre le coeur du bras gauche et encore moins son esprit. Ou alors, ils allaient tenter de l'affaiblir, mais par quel moyen ? A part Satan, personne ne pouvait le mettre KO. De toute façon, même si des doutes subsistaient, il aurait fini par partir à la rencontre de son frère aîné. La haine qu'il éprouvait pour ce dernier ne faisait que le faire languir... il avait bien l'intention de lui faire mal... par pure cruauté, bien entendu.

Il jeta le couteau sur le mur et la lame s'y planta dedans en faisant un bruit sec. Quoique son Maître décide, rien ne contrecarrerait ce qu'il avait prévu... Désormais, les pions étaient face à face... la confrontation pouvait commencer. Il se leva et appela mentalement un de ses hommes de main. Il ouvrit le tiroir de son bureau, devant lequel Satan avait tenu place tout à l'heure et en sortit un étrange livre... le même qu'il avait volé à la bibliothèque et ce dernier s'ouvrit à la page 66. Il y avait un article, illustré d'une photo "Sombre meurtre dans les taudis..." Parmi les mots qui étaient répertoriés, Darren avait gravé ces derniers : "Le père de famille semble avoir torturé son fils aîné, mort des suite de ces blessures. Comme tout meurtrier, il a été justement puni par une personne inconnue, qui semble avoir emmené le jeune Darren Roller avec elle, sans doute pour le protéger. Les inhumations auront lieues mercredi après midi, à la chapelle Sainte Justine."

- Je veux que tu arranges cette serrure et que tu brûles ce livre... Maintenant que j'en ai lu le contenu, il ne m'est d'aucune utilité... Les vestiges du passé sont à supprimer. Je m'en vais pour quelques jours... tu as la charge du Luxurious, surtout , n'échoues pas... ou je te brise comme une misérable brindille.

L'homme acquiesça et se mit au travail. Il était le seul à voir le bureau du patron et aussi le seul qui allait rester vivant après ça. Darren laissa le livre sur son bureau et en sortit. Maintenant, il n'avait plus aucune raison de se déconcentrer... Oh... que les retrouvailles allaient être merveilleusement destructrices...