Le chien, le chinois et l'homme trempé sur le palier |JADE|

19 Heures..
C’est l’heure qu’affichait la pancarte lumineuse du pharmacien du fond de la rue lorsque Jason arriva devant la porte de son immeuble au Westwood.
Il fallait bien admettre qu’il n’était jamais très tôt lorsque le jeune homme pouvait jouir du plaisir de s’installer confortablement dans le salon du coquet appartement dont il était déjà l’heureux propriétaire, grâce à l’intervention providentielle de son père en récompense pour un brillant diplôme obtenu….
Si l’ambition du fils Campbell avait été gracieusement récompensée par les siens, son métier était avant tout une passion qui générait bon nombre de sacrifices…par exemple, s’asseoir confortablement dans un sofa avec des amis pour regarder le dernier match de foot ou de base ball…ou encore pouvoir déguster un plat qu’il se serait lui même cuisiner.
Il n’était pas forcément un cordon bleu mais on fait difficilement pire que le plat surgelé non ?
En toute logique, ce jour aurait dû être pour lui un de ceux la….un de ceux ou il pourrait profiter un peu de lui tôt dans l’après midi mais, on ne peut pas dire que la providence soit toujours au rendez-vous pour le jeune homme qui a un chic certain pour se mettre dans des situations complexes et cocasses ou son bon cœur et sa gentillesse ont raisons de son égoïsme….inexistant.
Ce jour la, lorsqu’il était sortit de l’hôpital, un soleil régénérant et bienfaisant lui avait si bien traversé le corps qu’il eut envie de faire une longue balade dans le parc…
Jusque la, rien de bien étonnant, cocasse ou extraordinaire….
Il s’était douché à l’hôpital, il avait enfilé sa chemise bleu qu’il avait eut peine à choisir ce matin la, par dessus son jean’s légèrement délavéé et il se baladait dans un parc un i-pod sur les oreilles.
Il était donc serein, les mains dans les poches, souriant à la vue des différents tableaux que lui offraient le paysage….Des enfants qui jouent, une grand mere nourrissant les pigeons, un couple qui se promène main dans la main, une bande jeune qui joue au ballon….Bref, tout le monde profitait du bon temps à sa façon et lui se sentait tout simplement heureux…jusqu’à ce que…

Le première événement perturbateur de cette journée fut cette désagréable constatation odorante que le suivait depuis un moment à présent….
Le daim et le velours supportent et survivent très mal aux excréments de chien…..très gros chien……mais si son mocassin était sauf en surface, la semelle empestait à ving kilomètre.
Il poussa son premier soupir de dépit mais relativisa…..
*Bah….c’est une rentrée d’argent qui s’annonce* pensa-til malgré tout, conservant sa bonne humeur alors qu’il frottait ses semelles dans l’herbe pour se dégager de l’adhérent malodorant du caoutchouc.

C’est à cet instant que le second événement se fit entendre…
Interpellé par les couinements d’un animal apeuré, provenant d’un buisson, il ne put que suivre son grand cœur, et par conséquent l’appel à l’aide, en ce dirigeant vers l’arbuste qui cachait un petit chiot…un petit labrador beige qui ne portait ni collier et qui ne paraissait pas avoir été perdu mais bel et bien abandonné.

« Et la bonhomme, qu’est ce que tu fais la ? perdu au milieu de nulle part ? » dit-il avec douceur à l’animal qui venait de voir apparaître son sauveur.
Il tendit les main pour porter dans ses bras l’animal souhaitant le rassurer mais il regretta bien vite son geste…..
C’était pourtant lui qui lessivait, il vivait seul, il aurait du songer que sa chemise d’y survivrait pas…
La terre est monnaie courant sous un arbuste mais ne fait bon ménage avec le bleu ciel d’une chemise.
C’est à cet instant qu’il aurait normalement du lâcher son second soupir de dépit mais, il n’en eut pas vraiment le temps.
La météo s’était voulue mensongère et la pluie avait pris plaisir à pointer le bout de son nez.

*Pourquoi donc n’ai-je pas pris de veste ce matin* pensa-t-il alors, mouillé par la pluie et l’animal toujours dans les bras.
Voici donc son second soupir.

Encombré par les quelques kilos du petit chiot, il hâta le pas en direction d’une petite boutique où il pourrait se procurer de quoi manger et pour lui, et pour celui-ci…
Il devait être 18 heures et le marchant lui ferma la porte sous le nez, retournant la pancarte.

« Je suis maudit » se lança-t-il avant de pousser son troisième soupir de dépit.
Mais que voulez-vous, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même….
Peut-être aurait-il dû rentrer plutôt que se balader après ses heures à l’hôpital non ?

Qu’à cela ne tienne, il ne lui restait plus qu’à se trouver un traiteur, chinois de préférence, parce que les pizzas, il commençait à saturer…

*Avec un peu de chance, (oui oui il y croit encore), ils auront des os ou autre chose pour le petit chien*

Etant à pied, préférant toujours les transports en commun, il n’était pas question pour lui de traverser toute la ville pour déposer l’animal dans un centre où il ne lui ouvrirait pas parce que fermer, et ou il devrait dès lors le laisser devant la porte, attaché comme il pouvait. Non, ce n’était pas du tout acceptable pour lui, il aimait bien trop les gens et bien trop les animaux pour cela.

19 heures.
Et il était enfin chez lui, après avoir soupirer une dernière fois quand devant la porte de son appartement, trempé, encombré d’un chien qui n’était pas le sien, sale, mourrant de fin et pleurant sans doute à cause de l’odeur de la nourriture qui lui faisait tant envie, il ne savait trop comment s’y prendre pour récupérer ses clés dans la poche de son jean’s.

*J’aurais mieux fait de rester à l’hôpital…*

Il en lui restait plus qu'à tenter, sans tout renverser, ce qui était le plus difficile pour lui, se connaissant un minimum, de poser au sol le chinois à défaut du chien.

Journée à ne rien faire…Depuis combien de temps cela n’était pas arrivé à Jade ? Depuis bien longtemps la jeune fille avait oublié ce qu’était de resté allongée jusqu’à midi, c’est l’heure à laquelle mademoiselle Roserwood posa le pieds au sol…Le soleil brillait dehors, et puis les gens avaient commencé leur journée déjà ! Mais pour Jade, son chef lui avait offert une journée entière de repos ! Elle ne s’était pas fait prié, et avait accepté de suite ! Elle fila sous la douche, ou plutôt dans un bain moussant, très moussant, elle se prélassa une bonne heure, en écoutant les nouveaux tues à la radio, en chantant à tue tête, elle espérait que ses voisins étaient partis pour le boulot, sans ça, elle aurait sûrement la grande honte de sa vie, en les croisant ! Elle regarda machinalement, son portable qui était toujours près d’elle, un message vocal, elle l’écouta, c’était un de son collègue, qui avait besoin d’un truc dans son bureau…Pourquoi les gens avaient besoin de gâcher une journée de repos et de calme ? Elle chercha alors dans son répertoire le numéro du jeune homme, et l’appela de suite, encore dans son bain, elle prit soin de ne pas trop mouiller le téléphone…

« Allo ?
-Oui, James, c’est Jade, oui je viens d’avoir ton message, mais aujourd’hui je suis en congé, et je n’ai absolument pas envie de revenir au bureau avant demain, jour de la reprise ! Donc, tu oublies ce dont tu as besoin, et tu bosses sur autre chose ! Merci bien James, ciao ! »

Elle ne lui laissa même pas le temps de répondre, parce que d’une elle se moquait éperdument qu’il ne finisse pas son travail aujourd’hui, et de deux, si elle pouvait bloquer ce sale type dans son boulot, ça l’arrangeait bien ! Ce n’était pas méchant, c’était nécessaire, ce mec était la pire teigne qui puisse exister, il avait toujours envie de faire mieux, et ne se gênait pas pour prendre la moitié des idées des autres, en ajoutant sa touche, et au final, c’était lui qui remportait en installant en première page le titre de son article, ce qui était toujours vraiment injuste ! Pour une fois, elle avait fait une mauvaise action, mais pour la bonne cause ! Elle prit son téléphone, qu’elle coupa, puis elle sorti de son bain, en s’enroulant dans sa serviette…Les cheveux en bataille, elle se dirigea vers sa chambre pour sauter dans son jogging puis enfila un léger tee-shirt, un peu large…Apres tout, elle n’allait pas au bal ! Il était déjà 14h00 passé, comment rester si longtemps dans son bain, sans se rendre compte de l’heure qu’il était ? Vraiment, elle avait fait très fort ! Elle passa simplement un peu de baume sur ses lèvres, puis alla vers le salon, la télé était allumée, sur une chaîne musicale, où les clips passaient, encore une fois à fond…A 14h00 personne n’était chez lui, c’était donc pas super grave ! Elle s’installa dans son canapé, alluma son Pc, pour voir ses mails, rien du tout, la tranquillité la plus plate…Elle sorti alors d’un tiroir dans la table basse, un petit carnet, ou elle écrivait tout…Elle s’installa, puis l’ouvrit, il y avait des photos de son voyage, puis le règlement qui était aussi accroché sur la paroi de son frigo…Elle prit un petit crayon de bois sur la table puis écrit…

Citation :

Aujourd’hui, c’est un jour de congé, je suis bien, et je me sens merveilleusement bien, j’ai rencontré des gens gentils, bien qu’ils soient des hommes, je ne dois pas me plaindre, ils ont l’air parfaitement normaux ! […]Rachel me manque mais je suis certaine qu’elle pense à moi, autant que je pense à elle…

Elle continua un petit moment encore, puis finalement, elle ferma d’un coup sec, après avoir écrit un petit roman…Ca lui faisait du bien, elle n’était pas folle d’écriture, mais parfois, si on ne peux pas parler, il fallait se vider de nos pensées, pour éviter de tomber en dépression, ce qui lui était arrivé avant de partir en Europe ! Puis en se levant, elle pensa qu’elle n’avait rien avalé…Du lait…Des biscuits au chocolat…Et voila, le tour était joué ! Elle se délectait de ce petit goûté improvisé…Elle avait pourtant tout ce qu’il fallait pour cuisiner, mais aujourd’hui, étant tout à fait flemmarde, elle se dit que non, elle mangerais mal, tant pis ! Elle coupa la télé, pour mettre un DVD, un vieux film…Diamants sur canapés, avec Audrey Hepburn, la belle Audrey, une actrice qu’elle trouvait vraiment fabuleuse ! De par son jeu, qui restait toujours très enfantin, et parfois même un peu exagéré, mais elle était naturelle, et avait un visage de poupée ! C’était ça qu’elle aimait dans ses vieux film en noir et blanc…Elle les trouvait toujours très fins, et très drôle aussi, elle aimait beaucoup le jeu des acteur parfois un peu trop apprêté, enfin, c’était vraiment de bons films, comme on en fera sûrement jamais plu ! Elle resta une bonne heure et demie devant ce film, qui la détendait ! Elle se leva puis se rendit compte qu’il était déjà…18h00 ! Comment le temps pouvait il passer si rapidement, lorsqu’on était en congés ? C’était affreux vraiment, une chose qui ne servait à rien, oui, on se repose, mais pas assez ! C’était ainsi, le temps passait à une telle allure…Elle se leva donc d’un bond, puis fila vers la salle de bain, mais en passant devant le miroir elle s’arrêta…Elle s’observa, elle se trouvait plutôt jolie aujourd’hui, même sans maquillage ni rien d’autre ! Elle était elle-même, celle qu’elle avait toujours voulu caché et qui maintenant, était bel et bien d’attaque pour croquer la vie à pleines dents !

Elle prit au passage un bouquin de cuisine, elle mangeait tous les soirs à 20h00, et elle ne dérogerait pas à la règle, elle décida de faire…Du riz cantonnais…Comme si on faisait du riz cantonnais chez soi ! C’était bien le genre de plat, qu’on commandait chez le chinois du coin, mais non, ce soir, c’était cuisine party ! La voila en direction de la petite cuisine, elle avait besoin de riz blanc, de petits pois, d’œuf pour faire une omelette, et des petit morceau de jambon…La voila lancée dans sa recette, on ne pouvait plus l’arrêter…Elle enchaînait les mouvements très rapidement, et sans faire de gaffes, c’était bizarre ! Vraiment…D’un coup elle entendit un bruit, venant du couloir…Pas un gros bruit, mais quelqu’un qui monte les escaliers, avec un peu de nonchalance ! Comme si la personne était chargée…Ou alors peut être que la personne était tombée ! Et puis la curiosité de Jade n’était plus à prouver, alors elle se dirigea vers la porte, elle regarda par l’œil de bœuf, et aperçu son fameux voisin…Jason ! Il était vraiment beau ce mec…Simple, gentil, et beau ! Elle secoua la tête, en se disant qu’elle ne pourrait pas faire autrement, que de vivre en trouvant les mecs beaux, et puis pleins à la fois ! C’était dans son caractère ! Elle le regardait alors qu’il avait besoin d’aide, elle voyait dépasser les clefs de son appartement de son jean, à la poche arrière, et il semblait vraiment embarrassé, elle prit alors la décision d’ouvrir, la porte, et vu que le palier était commun, en moins d’une fraction de seconde, elle retira de sa poche les clefs, et se retrouva face a son voisin en lui lançant un sourire simple mais enjoué…Elle fit tinter les clefs devant le nez du jeune homme puis ajouta…

« Tu as besoin d’aide peut être ? »

Elle sourit, attendant une réponse, elle regarda le chien tout sale, Jason tout sal aussi, et son pochon du chinois tout gras ! Le pauvre…Elle observa le chien, depuis quand avait il un chien ? Il semblait débordé, tout l’inverse de Jade qui n’avait rien glandé de la journée…Elle fronça les sourcils puis dit…

« J’ai l’impression que tu as besoin d’un coup de main vraiment, je peux t’aider, j’ai rien fait de ma journée, laisses moi faire une bonne action »

Il le savait, il en était sûr et certain, connaissant sa maladresse aigüe, déposé au sol le chiot aurait à coup sûr été synonyme de catastrophe.
Sans laisse et sans doute apeuré, celui-ci aurait sans nul doute pris sa jambe à son cou pour se balader à travers les étages et Jason aurait été réduit à réaliser une course poursuite digne des plus grandes comédies françaises afin de le récupérer et s’excuser au porte à porte pour les désagréments occasionnés.
Non, il était préférable qu’il dépose son repas, s’il devait tombé, il se résignerait à se commander une pizza pour les 11 ème fois sur le même mois.
Le livreur commençait par le connaître et lui offrait même une bouteille de vin à force, et elle finissait toute dans son réfrigérateur sans être entamée.
C’est donc attentif à ne pas renverser les raviers d’aluminium en les posant sur le sol qu’il se baissa avec autant de soin et de concentration qu’un équilibriste marchant sur un fil. Il en avait presque mal dans les côtes tant son effort était considérable pour poser avec le plus délicatesse possible le sac plastique qu’il tenait du bout des doigts.

« On y presque » se lança-t-il presque pour se donner un peu de force et de courage. Non pas qu’il s’agisse la d’une question de vie ou de mort, mais tout simplement parce qu’il n’avait pas envie de passer sa fin de soirée à nettoyer le couloir tout en enchaînant les aller retour dans la cuisine et plus précisément dans le carton déposé par un livreur, pour assouvir sa faim grignotant encore une fois un plat italien.

Moment crucial.
Le fond du ravier d’aluminium protégé par le plastique blanc du sachet s’apprêtait à toucher le sol à mesure que Jason se penchait de plus en plus sur le côté lorsqu’il se sentit moins lourd.
C’est alors qu’une porte s’ouvrit derrière lui.
Jade sans doute, et le parfum fruité qu’elle dégageaient ne la trahirait pas.
Il aurait bien aimer la saluer mais il n’en eut pas vraiment le temps. Tout s’enchaîna très vite.
Tout d’abord, il l’entendit pour enfin sentir qu’elle saisissait dans la poche arrière de son pantalon ce qu’il aurait aimé avoir dans ses mains plutôt qu’ailleurs….bien que dans celle de sa charmante voisine n’était pas négligeable puisqu’elle se proposait de l’aider.
Il lâcha un nouveau soupir mais pour la première fois de la journée, celui-ci était un soupir de soulagement et non plus de dépit bien qu'il ne put s'empêcher d'afficher une pointe d'exaspération lorsqu'il entendit dans sa poche son gsm résonné....
Ce n'était vraiment pas son jour aujourd'hui....
Bien qu'il n'y ait rien d'ennuyeux à entendre la sonnerie de son portable.....quoique cela dépend toujours des circonstances, admettons-le.....lorsqu'on se sent dépassé et débordé, on aimerait pouvoir le lancer bien loin...

Mademoiselle Roserwood était une charmante jeune fille, pétillante, que tous aurait aimé avoir pour voisine.
En effet, chaque matin, lorsqu’il la croisait, il avait droit à un sourire….ce genre de sourire qui égaie toute une journée parce que naturelle, simple et sincère. Elle était pétillante et elle mettait un peu de vie dans cet appartement un peu trop morne et morose parfois.
Elle était un rayon de soleil et quelques mots échangés avec la petite rousse était un pur moment de bon humeur partagé.
Une chose était sûr, elle pourrait aisément et en tout justice se vanter d’être de ses rares jeunes femmes aussi belles que gentilles et agréables.

Les clés de métal s’entrechoquant les unes contre les autres se balançait devant le nez du jeune homme tandis que la demoiselle dans un T shirt un rien trop large et un survêtement de sport, le sourire aux lèvres justifiaient sa proposition.

« Si c’est un plaisir de te croiser tous les matins, je dois admettre qu’aujourd’hui, c’est bien plus que ça encore….si tu pouvais ouvrir la porte de mon appartement, puisque tu en détiens les clés, tu serais vraiment adorable »

Il avait au moins pu se redresser alors que le chien, sans doute agacé d’être ballotté sous le bras a gauche et à droite poussa un aboiement si léger et si aigu qu’il trahissait son jeune âge.
Jason avait bien remarqué que sa charmante voisine s’était attardée sur la cause des ennuis de Jason et dès lors, il fit un petit commentaire sympathique :

« Je te le présenterais bien mais je l’ai trouvé dans un buisson…Cela explique mon état et le sien d’ailleurs….bien que cela ne justifie pas tout…il faut bien l’admettre….tu étais en congé ? » lança-t-il alors….comme si c’était le moment le plus opportun pour faire la conversation….mais qu’importe, Jade était sa voisine et il ne manquerait pas de la remercier pour son aide si gentiment apportée…..

Lui qui, en général, aimait se sentir parfait dans ses vêtements, les choisissant avec soin et évitant au maximum la clodo attitude, même lorsqu’il n’avait rien prévu d’autres que rester chez lui.
Résultat, il en arrivait à se trouver ridicule, tout tâché, trempé et encombré, face à cette Jade à peine préparée, ni coiffée ni même maquillée qui illuminait tout le palier grâce à un sourire dont elle seule avait le secret.
Depuis combien de temps se rencontrait-il sur ce même palier ?
Depuis combien de temps elle était sa voisine d’en face ?
Il n’aurait su le dire avec exactitude tant les mois s’écoulaient vite et il réalisa qu’il n’avait jamais pris la peine de poser sur elle un autre regard que celui qu’on pose sur une voisine, jolie certes mais juste une voisine.
Il réalisa qu’il n’avait jamais eu la présence d’esprit de l’inviter à prendre un café, de lui proposer un coup de main pour porter ses sacs ou peut-être même de lui proposer de sortir les poubelles….
Non, jamais il n’avait pris la peine de s’intéresser à cette jeune fille si fraîche et si dynamique autrement que pour lui accorder un chaleureux sourire accompagné d’un « salut » lorsqu’il la croisait sur le palier le matin, ou pour échanger quelques banalités sur le temps qu’il fait…
Il n’avait jamais pris la peine de s’inquiéter de ce qu’elle pouvait faire dans ce journal ou elle travaillait, qui était ses gens qui lui rendait si souvent visite, et ou elle puisait cette bonne humeur qui semblait lui coller à la peau.
Puisqu’elle avait proposé son aide, il lui quémanda d’ouvrir la porte de son appartement, qu’il puisse déposer son repas du soir en sécurité sur la table, et c’est ce qu’elle fit avec gentillesse, essayant plusieurs des clés du trousseau alors que Jason essayait de la guider pour choisir celle qui convenait.
La voir chercher après la clé correspondance le fit sourire légèrement. Il était tellement habitué à ce porte clé si chargé que lui ne devait plus chercher pour trouver celle qui correspondait à son casier, à son bureau, à la porte de la réserve de l’hôpital, à la porte de son garage, à sa boite aux lettres, de chez ses parents, de sa voiture même s’il ne la conduit que rarement…..et j’en passe les meilleurs.
A en voir la taille dans les fines mains de la jeune fille, il en arrivait à se dire que plus jamais il ne les rangerait dans la poche arrière de son pantalon….a coup sûr, cela devait être horrible à voir et devait déformer son postérieur.
Non pas qu’il pensait en avoir un agréable, mais juste parce qu’il ne voulait pas attirer l’attention sur celui-ci, si c’est pour en dire qu’il est déformé…
Logique non ?
Enfin, le bon côté des choses au milieu de cette journée un peu folle, c’est qu’il ne manquerait pas de proposer à Jade de prendre une tasse de café en sa compagnie, quand elle le souhaiterait, pour la remercier de sa gentillesse et que par contre, il manquerait de remettre à nouveau ses clés dans la poche de son jean’s…

« Demande moi ce que tu veux…..tu viens de me sortir une épine du pied… » lui lança-t-il alors qu’elle lui parlait de remerciement avec un pointe d’humour qui laissait sous entendre qu’elle ne pensait sans doute pas réellement ce qu’elle venait de dire….il en rajouta naturellement, avec dans la voix cette même touche d’humour à laquelle il avait ajouté une bonne dose de reconnaissance lorsque la porte s’ouvrit.
« Merci Miss, tu es géniale… »

Et s’il n’avait pas été encombré il aurait sans doute posé sur la joue de celle-ci un baiser mais, il aurait pu la salir.
Un petit aboiement se laissa entendre…le chiot semblait ne plus apprécier d’être porte….Comme si Jason adorait l’idée d’avoir à le supporter…mais, cet animal avait un petit quelque chose de touchant et d’attachant…Allez savoir pourquoi…Sans doute cela venait-il du beige de son pelage et de son œil humide de chiot.
Jason tourna alors la tête en direction du chiot tout en expliquant à Jade qu’il ne savait comment l’appeler puisqu’il n’était pas le sien et qu’il venait de le trouver pour enfin reporter son attention sur Jade qui, comme tout le monde, et comme il l’avait fait précédemment dans le parc, s’adresser au chiot avec une petite voix totalement suraïgue.
Elle semblait tellement détendue….et elle était tellement simple dans son attitude comme dans sa tenue, qu’il ne pouvait pas se tromper. Elle était bel et bien en congé, elle le lui confirma sans trop détacher son attention sur le chien.
Il n’avait jamais remarqué qu’elle pouvait être aussi amusante.
Elle avait toujours la réplique parfaite pour détendre ou amusé :

« C’est la première fois que je te vois si détendue…..et…vu ma journée d’aujourd’hui, tout ne pouvait pas être aussi….comment dire….aussi…imprévisible et peu agréable…..le hasard aura bien fini ma soirée…. »

Il aurait bien terminé sa phrase en l’invitant à se joindre à lui pour la soirée, histoire de rattraper le temps perdu mais lorsque Jade releva la tête, la curiosité dans son œil l’interpella. Elle semblait intriguée et humait l’air étrangement.
Presque machinalement, il l’imita et ne put qu’opiner du chef lorsqu’elle annonça que cela sentait le brûler.

« On dirait que ca vient de chez toi d’ailleurs… »lança-t-il alors que Jade écarquilla les yeux à mesure que cette révélation lui vint à l’esprit.
Elle devait avoir oublier quelque chose sur le feu au vu de la course qu’elle fit en direction de son appartement.

Jason en aurait bien profiter pour pénétrer dans le sien et ainsi poser sur la table de son salon son souper mais, il réalisa qu’il ne saurait que faire de ce chien dans l’immédiat.
Il lui fallait une bassine et de l’eau chaude pour laver l’animal s’il ne voulait pas que son appartement fraîchement lavé du matin ressemble à sa chemise.
Il préféra éviter de rentrer, comme désemparé face à cette nouvelle constatation qui lui compliquait encore plus la soirée.
C’est à cet instant que Jade fit sa réapparition avec une boîte en plastique semblant contenir le reste d’une repas qui aurait été oublier sur le feu.
Elle le lui tendit, avec le sourire, précisant qu’il s’agissait de son souper, et sans réellement se rendre compte que s’il avait été trop chargé pour ouvrir sa porte, il l’était tout autant pour se charger d’un repas pour le chiot.
Il haussa les épaules dans une grimace qui voulait tout dire quand Jade sembla réaliser le côté cocasse de la situation, précisa qu’elle était désolée d’être si cruche, et finit pas éclaté de rire.
Un éclat de rire qui réchauffait le cœur de Jason qui se sentait impuissant pour un rien.
Elle était géniale….une fille comme elle à ses côtés, qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié, aurait été la certitude de voir sa vie bien plus belle, jalonnée d’éclat de rires et d’optimisme.

« T’excuse pas » lacha-t-il entre un éclat de rires qu’elle lui avait communiqué « Mais assume, tout comme moi ta malchanceuce attitude sans m’en rendre coupable…tu veux ? »

C’est à cet instant qu’un cri strident se fit entendre, un cri qui venait de l’étage.
MAdame Finnigan, vielle parmi les vieilles, raleuse de chez raleuse, était occupée à descendre l’escalier quatre à quatre :

« C’est pas fini tout ce boucan…je suis en train de regarder un épisode inédit de Derrick et vous êtes en train de m’empêcher d’en comprendre un traitre mot…..il y a d’autres endroits pour racoller et draguer mes chers….. »[/b]

Jason écarquilla les yeux, et ne sut que répondre, sachant pertinemment qu’il allait se mettre à éclater de rire…..La vieille dame reprit le chemin vers l’étage lorsque sans trop savoir pourquoi, un courant d’air vint refermer la porte de Jade.

[b]« Si tu as laissé les clés à l’intérieur alors oui, je proclame que ma malchance est contagieuse….dans le cas contraire, je dirai que je suis un cas unique alors…… »

Il avait essayé de ne pas rire mais….En vain…

« Dis toi que tu n’es pas dehors, j’ai à manger, un chien et un toit en attendant qu’un serrurier ne vienne à ton secours….. »

Même si l’idée de passer la soirée avec elle ne le dérangeait pas le moins du monde, ayant regretté quelques instants plutôt de ne pas avoir gratter la couche de vernis de la personnalité de la jeune rousse plus tôt, mais il esperait tout de même pour elle que les clés de son appartement ne soit pas resté à l’intérieur….
C’était le genre de chose qui lui était bien évidemment arrivée, et ce n’est jamais plaisant de se savoir coincé loin de sa garde robe, de ses papiers, de son sac, de son portable, de son PC….en bref….De sa vie privée et intime..

Lorsqu’il la vit sourire, il ne sut réellement ce qu’il avait bien pu dire de drôle ou d’ambigu peut-être, mais elle était si rayonnante que l’idée de la voir afficher une si jolie grimace lui suffisait à la lui rendre. Après tout, il fallait tout de même admettre que la situation était plus que risible.
L’essentiel, c’est qu’ils plaisantaient ensemble et que tout compte fait, la soirée du jeune homme serait bien meilleure que la journée en elle-même qui, si elle avait bien commencé, c’était révélée être une véritable succession d’emmerde…
Le petite chiot, toujours prisonnier de Jason, remuait dans tous les sens et n’aspirait qu’à une chose : Descendre de son perchoir humain pour se dégourdir les jambes. D’un petit « chut » sensé calmé le chien mais qui n’avait a priori aucun effet sur l’animal, il remercia avec soulagement sa salvatrice du jour. Si leur appartement avait été une grande société américaine élisant l’employé du mois, à coup sûr, il lui aurait attribué le titre de « La meilleur voisine du mois », et ce, sans hésitation.
Elle lui répondit d’un clin d’œil qui s’était voulu d’une simplicité surprenante alors que ce geste, si mal utilisé ou en de mauvaises circonstances, peut être perçu comme une provocation déplacée des hommes ou une sollicitation vulgaire des femmes. Et pourtant, de la part de Jade, si simple et si naturelle, rien de tout cela ne reflétait…rien de vulgaire ou d’aguicheur….rien de déplacé ou malvenu….que sincérité et bienveillance en guise de réponse à sa reconnaissance. Elle était de plus en plus charmante…et sa compagnie de plus en plus plaisante.
Par contre, ce qui l’était bien moins, c’est l’odeur qui s’échappait de l’appartement de Jade. Apparemment, son dîner était en train de brûler et le seul avantage qu’ils avaient pu en trouver, l’un comme l’autre, c’est que l’animal aurait lui aussi de quoi se rassasier. Prévoyante, la jeune fille avait pris la peine de transvaser dans une petite boîte de plastique, les restants de son repas pour l’animal qui devenait de plus en plus remuant.
Quoiqu’il en soit, il avait de quoi se poser des questions le bonhomme. En effet, il était à deux doigts de se demander si, à tout hasard, il n’était pas une espèce de « patte de lapin » mais à l’enfer. Les patte de lapins sont censés porter chance, ce dont il avait manqué cruellement aujourd’hui, jusqu’à ce qu’il ne croise Jade sur le palier, mais dans le cas présent, si cela faisait à peine 5 minutes qu’il discutait avec la jeune fille, il semblait lui avoir transmis sa malchance comme une maladie contagieuse. Alors, il y avait de quoi se demander s’il n’était pas la poisse en personne, l’allégorie de la « scoumoune » et qu’il la répandait comme une épidémie.
Il se serait bien excusé mais, elle n’aurait pas compris…bien qu’ils en plaisantèrent un peu, sans doute était-elle à milles lieux de s’imaginer ce qui venait de lui traverser l’esprit à notre cher Campbell.

« Ne le dis pas pour rire » répliqua-t-il avec une air faussement sérieux amélioré d’un regard taquin « On serait surpris…deux malchanceux voisins de palier, cela ne peut pas être que du hasard…crois moi….Moi je dis, investiguons. . ».

Et il hocha alors la tête vigoureusement, sourcils froncés et bouche en avant, alors qu’il conservait dans son œil, cet air malicieux. Ils rirent de plus belle et rien de semblait plus pouvoir le déranger dans leur crise d’hilarité…et pourtant, lorsqu’on est malchanceux, il semblerait qu’on le soit pour longtemps…..et en toutes circonstances.
La désagréable vieille dame Finnigan, qui confond bien trop souvent le rôle de locataire qu’elle est et de concierge qu’heureusement elle n’est pas, descendit claudicante pour reprendre à l’ordre, comme à l’école primaire, les deux jeunes gens qui eurent bien du mal à se calmer. Et comme si l’entendre se plaindre qu’elle allait raté un épisode inédit de sa série préférée, la jeune journaliste, fidèle à ce qu’elle était depuis les quelques minutes passée en sa compagnie, jeta à notre médecin un regard pétillant accompagné d’un large sourire avant de faire comprendre à cette vieille pie, que ces bétises ne l’aideraient pas vraiment à suivre son feuilleton.
Comment allait-il donc bien pouvoir se retenir d’éclater de rire, alors que Jade se moquait avec cynisme de cette horrible femme… ?
Sa série était sans doute la plus assommante puisque la plus lente série policière qui soit…alors entendre dans la bouche de Jade avec cette expression de fausse compréhension que tout allait si vite que Finnigan ferait bien de se dépêcher, acheva le peu de politesse qui restait à Jason qui n’eut d’autres choix que cacher se lèvres de sa main libre.
La porte claqua à nouveau, sans mot dire, et elle eut sur les deux jeunes gens le gong de départ d’une course aux rires.

« Pauvre homme…. » lança-t-il en toute réponse à Jade avec un air dépité, comme s’il avait vraiment de la compassion pour cet homme inexistant…..

« Tu es trop forte…. »…...c’est ce qu’il avait eu envie de lui dire, mais l’incident suivant l’en empêcha.
Un malheur n’arrivant jamais seul…un troisième claquement de porte se fit entendre, mais cette fois, ce n’était pas Finnigan et ses remontrances, mais l’appartement de Jade qui se refermait comme la grille de Fort Boyart….(ben oui, tant qu’à faire dans l’audiovisuel).
La porte de Jade était close, fermée…et elle était condamnée à rester sur le palier ou à partager sa soirée en sa compagnie.
Il se permit de plaisanter, sans réaliser que peut-être il aurait pu la vexer en se montrant si cynique…mais cette idée ne lui avait même pas traversé l’esprit tant la jeune fille semblait être de bonne composition. Il ne s’était pas trompé, elle éclata de rire alors qu’elle était dans une situation un peu compliquée et que d’autres aurait pu faire la tête ou pousser un petit coup de gueule qui, avouons le, n’aurait nullement été malvenu.
Mais Jade, n’était pas comme ça…. Elle était ce qu’elle reflétait, entière et authentique, elle était elle en toutes circonstances, et s’il était surpris devant si bon caractère, il n’en attendait pas moins d’elle pour le peu qu’il la connaissait.
Elle le prenait avec le sourire, était même morte de rire, et comble du comble…Elle acceptait en se proposant de nettoyer avec lui le chiot qui chahutait de plus en plus.

« J’aime ton bon sens… » répondit-il amusé….

« Et…vu ta proposition, je vais vraiment finir par croire que c’est bien plus que la providence qui t’a fait croisé mon chemin aujourd’hui….Voila ce que je te propose....Je vais te garder le fauve, comme tu l’appelles, entre mes bras, pendant que j’abuse de ta charité en te demandant….comment on fait pour le laver ?.....et….de préférence, sans salir tout mon appart ? »

Il la regardait avec une expression de petit garçon qui n’aurait pas la réponse à une question d’un oral….ça lui donnait un côté tellement touchant……C’est alors qu’elle libéra autant le porteur que le porté en prenant contre elle le chien, sans se soucier de ses vêtements qui sentait encore bon la lessive.

« OH Jade….mais tu vas être toute sale…. » dit-il avant de la remercier…

« Tu n’es vraiment pas possible comme fille » et lui offrant un large sourire, il ajouta

« Merci en tout cas…..vraiment……. »

Plus libre, il entra lui laissa le passage, qu’elle puisse pénétrer dans l’appartement du jeune homme qui continua :

«Bon, inutile que je me change de toute façon mais…..euh…..tu auras compris que….j’ai encore besoin de ton aide…il faut que tu me dises quoi faire….je suis complètement paumé…. »

LA chance, autant pour l’un que pour l’autre, semblait être un concept qui n’existait plus que dans un dictionnaire. Dois-je vraiment vous rappeler tout ce qu’il s’est passé dans la journée du jeune homme avant que cette journée ne soit embellie par le sourire et l’amabilité de sa voisin ? En quelques mots, il marcha dans les excréments d’un chien qu’il retrouva sans doute un peu plus loin immaculé de boue qu’il répandit sur sa chemise en voulant le sauver de ce buisson pour ensuite voir la météo changé promptement et sans crier gare, courut chercher de quoi nourrir l’animal et par la même occasion lui aussi, et arriva trop tard chez le marchand, se commanda un chinois qui l’encombra pour ouvrir la porte. Heureusement que la belle Jade s’était trouvé la par hasard…
Quoi qu’à bien y réfléchir, il n’était plus vraiment sûre qu’il s’agissait du hasard. Lorsqu’il était arrivé sur le palier de son appartement, il ne lui avait pas semblé l’avoir remarqué où il lui aurait demandé de l’aide et puis, vu comme elle était vêtue, on ne pouvait non plus dire qu’elle était sur le palier prête à sortir alors, comme se fait-ce qu’elle se soit trouvée la pour l’aider ?
Ce n’est pas lui qui allait s’en plaindre, bien entendu puisqu’elle s’était présentée en aubaine, prenant même à sa charge le poids de sa malchance quotidienne, se retrouvant dehors alors qu’elle n’avait rien demandé la pauvre.
Quoiqu’il en soit, dès qu’il en aurait l’occasion, lorsque leur crise de fou rires s’achèvera pour sans doute laisser la place à une autre, il lui poserait sans doute la question. De toute façon, elle était la encore pour un bon moment puisqu’elle était dehors, ce qui laissait également la place à d’autre fous rires vu ce qui attendait les jeunes gens qui semblait pour le moins sur la même longueur d’ondes. Ce qui était d’autant plus agréable avec cette jeune femme, c’est qu’il se permettait ses remarques quelques peu cyniques, sans même l’épargner alors qu’elle était si gentille avec lui, et qu’elle n’avait pas l’air de mal le prendre, qu’elle ne se prenait pas non plus de haut et qu’elle n’hésitait pas à rire sans aucune gête et sans retenue. Elle était authentique et semblait se moquer de son image comme bon nombre de jeunes femmes.
Combien d’entre elle, en présence de Jason ou d’autres jeunes hommes, rient à peine, mangent comme des moineaux, s’arrange pour être toujours parfaite, font attention aux moindres de leur parole et à leur moindre geste ?
Beaucoup trop pour Jason qui en avait connu une semblable durant des années et qui, aujourd’hui, semblait presque allergique à toutes les filles un rien trop précieuse. Il avait beau avoir aimé Sam, plus jamais il ne lui faudrait une jeune fille qui préférerait dépenser ses 5 dollars pour remplacer son mascara au détriment d’un morceau de viandes. S’il aimait les filles coquettes, il détestait toute forme d’excès….et trop de coquetterie tue la coquetterie.
La porte était donc ouverte, le cantonais dans une boîte, le chinois sur la table, le chien dans les bras de Jade prisonnière de Jason pour encore un bon moment et tout semblait rentré plus ou moins dans l’ordre. Il en soupira de soulagement avant de se rappeler que le pire restait à venir.
Il s’était ensuite inquiété pour les vêtements de la jeune fille qui lui avait précisé qu’elle se moquait de son vieux jogging, ce qui ne fit que confirmer ce qu’il pensait déjà d’elle, avant d’ajouter qu’elle le faisait surtout parce que ça lui faisait plaisir bien.
S’il l’avait trouvé tout de suite sympathique lorsqu’elle avait emménagé, et qu’à présent, il la trouvait des plus charmantes, simple et naturelle, il se devait à présent d’ajouter une adjectif qualificatif complémentaire : Spontanée.
Vivre chez toi avait-elle dit ?
Cela lui arracha un sourire amusé, surtout de la voir se reprendre de la sorte, et dès lors, il se mit à la taquiner un peu puisqu’elle lui tendait une perche par rapport à sa question précédente :

« Et qui me dit que tu ne mourrais pas d’envie de venir vivre chez moi et que c’est la raison pour laquelle tu t’es retrouvée en jogging sur le palier ? » enchaîna-t-il au tac au tac en posant sur elle un regard des plus malicieux accompagné d’un sourire qui ne l’était pas moins.
En fait, il espérait bien qu’elle répondrait à la question posée implicitement : « mais que faisais-tu donc sur le palier ? »

Ce qui restait tout de même le plus incroyable, et qui se devait d’être souligné, était que le chien semblait tout à fait calme dans les bras de la belle, alors qu’il gigotait comme une ouistiti dans les bras de Jason….il avait déjà eu des chiens pourtant, il savait s’y prendre….Elle lui fit une proposition intéressante mais il se devait de la remercier et dans le fond, il n’avait pas envie de la laisser repartir comme ça, souhaitant en savoir plus sur le personnage original qu’elle représentait.

« Tu me dirais bien pourquoi ce chien est si calme dans tes bras alors que c’est moi qui l’ai sauvé ? » dit-il dans avec un petit rictus de surprise et un haussement des sourcils étonnés « Bref, c’est pas le sujet, pour ce qui de ta proposition, j’en ai une autre à te faire….Tu n’as plus de souper et j’ai un chinois que je ne finirai pas….que dirais-tu de partager ? il y en a bien assez pour deux… »

Et Dieu seul sait si c’était vrai. Les traiteurs ont toujours tendance à remplir les petites barquettes d’aluminium comme si pour être refermée, il fallait qu’elle soit pleine à ras bord. Il n’avait jamais réussi à manger le même jour un plat commandé chez le traiteur.

« Enfin, cela dit, ça ne nous empêche pas d’appeler le serrurier, mais je t’annonce d’avance que si tu refuses mon invitation en guise de remerciement mon téléphone sera en dérangement….. »

Il haussa une épaule comme s’il lui annonçait quelque chose de tout à fait banal et de presque logique…..

« Vu tout ton bon sens, je suis sûre que tu as compris que tu n’avais pas le choix…alors…..suis moi dans la salle de bain…..c’est par la…. »

L’appartement de Jason n’était pas forcément grand, disons qu’il pouvait être facile d’y vivre au maximum à 4…si les enfants sont du même sexes…..et quand on y est seul, cela peut paraître grand, tout comme la salle de bain qui devait être un des endroits préférés de Jason….
Il emprunta un petit couloir qui menait aux chambres et dans le fond de celui-ci, la salle de bain qui comprenait une douche, une baignoire en coin et un lavabo de style japonais, avec un évier posé sur ce qui aurait pu être une étagère de bois….design, gris et blanc…..parfaitement propre et rangé….Et sentant le déthol, comme dans les hôpitaux, parce qu’il aimait l’odeur et qu’il la désinfectait souvent …allez savoir pourquoi….
Il l’invita à entrer en précisant… :

« Tu trouveras ici tout ce qu’il te faut pour laver le….chien……sec mais sale…….et tu veux que je te dise….je crois qu’il serait bon qu’on ferme la porte parce que je me méfie de son petit côté tout calme la…..je sais pas pourquoi, je suis sûre qu’il serait capable de vouloir s’échapper et de nous foutre de la mousse partout…… »

Sur ces mots, il s’exécuta, refermant derrière les deux jeunes gens et leur victime….ou peut-être leur bourreau pour ensuite remonter les manches de sa chemise. Il se dirigea alors vers la baignoire pour faire couler l’eau et comme un présentateur télé il prépara en nommant :

« Voici donc le shaampoing…saveur vanille parce que ça sent super bon…les serviettes …..6….on ne sait jamais…..elle date de ma grand mere mais je suppose qu’elle ne m’en voudra pas…..et….la baignoire qui se remplit……qui n’attend plus que ….. » Il s’interrompit, posant son doigt sur sa bouche « On ferait pas mal de lui trouver un nom….parce que le chien c’est quand même assez réducteur non ? ….enfin….à toi l’honneur ma chère…..je suis galant ….surtout quand ça m’arrange…. »termina-t-il en levant les yeux au ciel avec l’air faussement innocent.

Etait-ce une idée où avait-il réussi à la mettre mal à l’aise ? L’espace d’un instant ils s’en voulut légèrement parce que ce n’était pas du tout son intention. Il avait donc détourné son regard, ne voulant absolument pas qu’elle se sente oppressée, créer de malaise ou pire, lui faire perdre confiance. Il n’était pas question qu’elle se méprenne sur sa personnalité. Autant il était capable de rire de tout et avait un sens de l’humour relativement aiguisé, s’adonnant peut-être trop souvent à l’ironie et au cynisme, autant il été assez respectueux pour ne pas se délecter du mal-être qu’il aurait pu causé.
Dès lors, il attendit sa réponse en s’activant à ses petites affaires comme poser ses clés près du téléphone fixe siégeant sur un guéridon dans le couloir, vérifier qu’il n’avait reçu aucun message, ce qui n’était malheureusement pas le cas puisque les diodes rouges annonçait qu’il en avait reçu deux, branché son portable sur secteur…Tous ses gestes était méthodiques et sentait le tique obsessionnel compulsif mais en moins obsessionnel et surtout, moins compulsif. Il s’agissait tout simplement de ses petits habitudes. Sans le vouloir, il lui offrait une part de son intimité. Les habitudes des uns et des autres en disaient longs sur les gens. Par exemple, son père avait la fâcheuse tendance, lorsqu’il se déshabillait, de poser ses chaussettes à terre, près du bac à linge alors qu’il lui suffisait de quelques centimètres pour faciliter la tâche de sa mère…..ce qui avait le don, et à raison, de l’agacer au plus au point… Dans le fond, cela correspondait parfaitement au comportement de son père dans la vie de tous les jours qui était un homme sans grande précision qui s’adressait souvent aux gens en oubliant les convenances. C’était un gentil bougre mais peut-être un rien trop impertinent….comme il était impertinent de réitérer chaque soir le même geste méprisant les recommandations de sa femme.
Ne dit-on pas qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? Pour ce qui était des traits de caractères de Jason, il en allait plutôt de même. S’il y paraissait méthodique et organisé, il n’en était pas moins qu’il passait la plus part de son temps à chercher où il avait mis ses affaires….C’est machinalement qu’il répète inlassablement les mêmes gestes chaque jour. Mais si son GSM est tous les soirs branchés sur secteur, tous les matins, il se demande sur quelle prise il l’a branché….Si il sait qu’il a deux messages à écouter, il oubliera sans doute d’ici ce soir qu’il se doit de les écouter…..Oui, il était tête en l’air à ses heures mais surtout maladroit…Si son appartement est parfaitement rangé et impeccablement nettoyé, il renversera sans doute une bouteille de coca avant la soirée…et c’était toujours comme ça….
Comme quoi, si les habitudes en disent longs sur une personnalité, elles n’en offrent qu’une infime facette du caractère qui se dévoile bien souvent que lorsqu’on vit avec quelqu’un.
Lui qui avait précédemment songé à ses regrets de ne pas la connaître mieux et à son désir de remédier à cette lacune, n’avait pas prévu qu’elle plaisanterait sur un emménagement et qu’elle continuerait d’en rire à son implicite question.
A sa réponse, il était impossible de coller une étiquette….Ironie ou vérité ? Sourcil relevé et sourire au coin des lèvres, il lui jeta un regard interrogatif, même intrigué et se contenta pour toute réplique d’un petit silence qui laissa place à la réflexion.
S’agissait-il une fois d’une question implicite ?
Cherchait-elle à savoir s’il avait quelqu’un dans sa vie ?
Etait-il si évident que son appartement était trop grand pour lui ?
Son appartement reflétait-il vraiment la solitude ?
L’observait-elle vraiment pour savoir qu’il était célibataire ?
Trop de question tue les questions…..et surtout l’humour et la spontanéité…..
Heureusement, elle n’en manquait pas, et c’est l’éclat de rire de la jeune fille qui coupa court à ses questions. Pourquoi se les posait-il d’ailleurs ? Cela n’avait ni queue ni tête, alors qu’elle était si naturelle, pourquoi chercher plus loin ?

« Insinuerais-tu que mon appartement manque de quelques chose, et n’est donc pas si bien que ça ? Tu m’as presque vexé la….ça remet en cause tout notre emménagement… » lança-t-il alors préférant continuer à plaisanter…
N’était-ce pas le bon moment pour l’inviter à partager le chinois avec lui ? Après tout, personne n’aimait manger seule, elle avait été agréable et d’un grand secours aujourd’hui, et son souper était crâmé, il n’y avait pas de raison. C’est ce qu’il fit donc…sans lui laisser le choix…et une fois de plus, il fut amusé par sa contre partie, revenant une fois de plus sur cet emménagement…

« Tu sais que si tu continues comme ça, je vais vraiment finir par croire que tu veux vraiment vivre chez moi…enfin cela dit, j’ai toujours un téléphone portable au cas ou mon fixe serait en dérangement trop longtemps… » ajouta-t-il avec un sourire mutin qui résonnait dans le timbre de sa voix. Dans le fond, il était content qu’elle accepte….même plutôt ravi….et qui dans la pièce le connaîtrait, l’aurait lu dans son sourire.

Les voici donc parti dans la salle de bain, pièce chérie de notre cher ami, qui referma la porte derrière eux, remonta ses manches et présenta à Jade tout ce qui lui était nécessaire. La baignoire se remplissant, il ne manquait plus qu’un nom pour le chien….et le chien….
Il délégua les deux tâches à Jade. Jason avait beau être charmant et aimer les chiens, il était dépourvu d’imagination en matière de baptême animal et valait mieux qu’elle s’en charge s’il ne voulait pas avoir à subir un nom comme « Bistouri » ou encore « Compresse ». Quant à l’eau et la baignoire, elle portait le chien…..et était aussi sale que lui à présent…. alors tant qu’à faire…puisqu’il se plaisait bien entre les bras de la jeune femme, autant éviter de contrarier l’animal qui désormais, portait un nom.
Il ne fallut pas plus de 2 minutes à Jade pour proclamer un nom qui collait parfaitement à la situation, à la leur comme à la sienne. Elle justifia son choix, mais il était inutile de prêcher un convaincu…il adhérait totalement…..

« Que nous nous occupions d’elle tu veux dire…. ? Tu voulais pas vivre ici ? » lança-t-il en affichant un petit sourire narquois « Je plaisante….oui….je crois que Lucky ça lui va parfaitement….mais, il faudrait peut-être lui demander son avis non ? »

il reporta son attention sur la boule de poil beige qui devait être croisée avec un labrador qui ne réagit pas.
La diligente Jade posa délicatement Lucky dans la baignoire et par chance, elle semblait aimer l’eau. A genoux contre la baignoire, Jade avait déjà entreprit de débarrasser le pelage à l’eau claire de toute la boue séchée. L’eau se colorait déjà et Jason en était presque malade….. A quoi ça sert de laisser couler un fond d’eau pour laver un chien si l’eau est aussi noire que lui ?
Une petite expression d’aversion pour l’eau noire, il n’était pas décidé à la laisser stagner la, et lorsque Jade demanda confirmation pour le prénom choisit, il répondit : …. « Parfait » alors qu’il plongeait sa main dans l’eau pour retirer le bouchon et la laisser s’écouler. Le chien était rincé et Jade avait lancé le cri de guerre : Le shaampoing.
L’eau sale évacuée, Jason remit le bouchon pour que seul l’eau propre ne s’écoule et s’empara du flacon de shaampoing, il s’accroupit aux côtés de Jade tout en expliquant :

« Tu vas voir, avec ma chance elle sera allergique et je vais devoir courir chez un véto…..enfin, tu vas me dire, je vais quand même devoir y aller demain matin…il faut que je m’assure qu’elle n’ait rien…bien qu’elle semble en pleine forme….. »

C’était parti. Shaampoing dans la main, Jason l’appliqua sur le pelage clair du chien qui, contre toute attente semblait plutôt calme, et il frotta jusqu’à voir apparaître de la mousse…Il en avait plein les mains….Geste répétitif, il écouta Jade qui lui expliqua les véritables raisons de sa présence sur le couloir : Le prémunir d’un éventuel cambrioleur.
Il lui sourit alors….Ils étaient relativement proches l’un de l’autre et l’euphorie du fou rire passée, il parlait bien plus calmement
Se pourrait-ce qu’ils aient une vraie conversation ? sans éclat de rire ? sans plaisanterie ? Sans taquinerie ? non pas qu’il doute du sérieux de cette jeune femme à l’œil brillant d’intelligence mais plutôt des égides que leur réserverait la fin de journée.

« Je trouvais l’autre version plus flatteuse mais je me contenterai du cambrioleur… Quoiqu’il en soit, aujourd'hui tu es la voisine la plus parfaite qui soit…… »

Inutile de chercher à savoir ce qui lui passa par la tête la seconde qui suivit… Peut-être qu’il avait été trop stressé par sa journée et qu’il avait a priori bien trop envie de se détendre pour rester sérieux plus de 3 secondes et demi mais, il fit mine d’être intrigué par le visage de la demoiselle, comme si elle avait un bouton sur le nez ou autre.

« Euh…Jade…bouge pas, tu as un truc bizarre la, près de ton œil….Ferme les yeux….. » et lorsqu’elle s’exécuta, il barbouilla tous le bas de son visage de la mousse qu’il avait sur les mains….se levant promptement préparé évitant une éventuelle contre-attaque.

Ce qui était d’autant plus agréable avec cette jeune fille, c’est qu’elle semblait croquer la vie à pleine dents, avec comme leitmotiv « Si tu souris à la vie, elle te sourira aussi ». ce n’était peut-être qu’une impression, mais c’est l’image qu’elle renvoyait d’elle-même. S’il était en sa compagnie depuis un petit quart d’heures, durant ce laps de temps, il ne l’avait pas vue un seul instant se départir de son sourire et de sa bonne humeur malgré qu’elle avait perdu un dîner et qu’elle était à la porte. Elle n’avait pas non plus peur de rentre service, de se salir ou de se casser un ongle comme beaucoup de jeunes filles de son âge….et avec son physique.
Jason n’aurait pas été un homme s’il n’avait pas été intrigué par ce qu’elle était, représentait et surtout, ce qu’elle dégageait. Un optimisme à tout épreuve, il en était presque arrivé à la conclusion que ces deux la se ressemblait . Elle était à l’antipode de toute celle qu’il avait pu rencontrer jusque alors….à l’antipode de Sam….qu’il avait beau avoir aimé dans son adolescence, n’avait pas grandi comme lui. La rupture avait été inévitable et sans grande souffrance pour lui…les choses s’étaient faites naturellement.
Puisqu’elle avait réussi à l’intriguer, il chercherait à en savoir plus…
Avait-elle eu une vie si parfaite qu’elle voit la vie en couleur ?
Ou au contraire, avait-elle eu une jeune vie si complexe qu’elle avait appris à voir la vie en couleur pour avancer ?
Peut-être était-ce simplement un trait de son caractère ?
Il n’en savait rien mais comptait bien le découvrir, la découvrir…et la meilleure façon, était de ne rien changer, si ce n’est peut-être la garder à ces côtés le temps d’un dîner…histoire de la remercier, de lui témoigner sa reconnaissance d’avoir égayer sa journée et de créer une relation de bon voisinage en assouvissant sa curiosité.
Il la taquina un peu sur son pseudo-emménagement, et ne put que sourire en la voyant rougir légèrement. Rien de bien fantasque mais, il avait toujours aimé ça….il avait toujours aimé distinguer sur les joues d’une charmante demoiselle l’expression la plus notoire d’une éventuelle gêne… Ou de leur sensibilité. Le cas présent, c’était anodin, il ne se faisait pas du charme…ni l’un ni l’autre d’ailleurs….peut-être qu’elle ne s’était pas attendue à ce qu’il continue à plaisanter sur ce terrain….Elle se reprit et se mit à rire avant de plaisanter à nouveau, feignant la déception et la tristesse…. C’était un plaisir.

« Je voulais pas te faire de mal, je suis vraiment désolé ma petite Jade…mais après tout, je ne suis qu’un homme n’est ce pas ? » avait-il lancé avec une mine et une intonation de fausse compassion totalement ironique. Il continuait à plaisanter, il allait dans son sens, tout simplement….

En moins de quelques instants, ils se retrouvèrent dans la salle de bain, porte fermée et prêt à bosser. Ils avaient même trouvé un nom au fauve…enfin, elle avait trouvé un nom qu’il lui semblait parfait, et qui provoqua l’indifférence du propriétaire. Il plaisanta à nouveau sur le thème du jour et n’eut pour réponse qu’un sourire. Mais pas n’importe lequel…un doux sourire dont il n’avait pas vraiment compris le sens, mais qui l’avait complètement charmé….c’est alors qu’il s’attarda un peu plus sur les traits de la jeune fille….traits qu’elle avait fort fin.
Il fallait admettre qu’elle était particulièrement belle à regarder…un visage au teint diaphane pareil à ceux des plus jolies poupées, des yeux expressifs dont la couleur est indéfinissable… bleu...ou peut-être même vert… mais qu’importe, ce n’est pas tant leur couleur qui lui profère ce côté si charmeur, mais plutôt la façon dont elle les utilise.
Comment ne pas se demander ce qu’il se cache derrière son regard et le côté fragile que lui offre sa petitesse ?
Comment ne pas se demander ce qu’il se passe derrière ce sourire tantôt enjôleur et tantôt enfantin ?
C’est elle qui le sortit de sa contemplation en appelant à l'aide et il s’exécuta sans demander son reste en changeant l’eau déjà sale des résidus cachant la véritable couleur de Lucky qui était vraiment un beau chien. Elle était d’un beige brillant, et ses pattes déjà massives laissaient présager que si elle n’était pas de pure race, elle avait tout du labrador...ou plutôt du Golden Retriever, a cause de de cette jolie collerette un peu plus longue, de la même couleur que le reste de son pelage A mesure qu’il découvrait la splendeur de l’animal, il se demandait s’il n’allait pas la garder. C’était une simple question d’organisation…mais où la mettrait-elle lorsqu’il était à l’hôpital. Il faisait beaucoup d’heures et dès lors, cela lui demandait de s’organiser autrement.
Accroupi au côté de son invitée, il entreprit d’appliquer sur le poil de la chienne, le shampooing saveur vanille….si elle allait être massive, elle était encore relativement petite et dès lors, à deux, il ne fallut pas trop longtemps pour en répandre, et frotter tout le corps de l’animal étonnement calme, contrairement à Jason.

« Bah….je ne sais pas si elle a été vaccinée…et a fortiori, c’est encore un chiot. Les maladies canines sont dévastatrices et tant qu’à faire, je n’ai pas envie de l’avoir sauvé pour qu’elle nous quitte si vite….. » répondit-il à Jade qui disait Lucky chanceuse.

Nous…..Nous quitter….C’était « nous », le monde ou « nous, elle et lui…. Un peu à l’image de la jeune fille qui, en parlant de prénom choisi, précisa : « Il NOUS convient ».
Se retrouver accroupis devant une baignoire et laver un chien était-ce suffisant pour en devenir la moitié d’un propriétaire ?

La véritable raison de la présence de Jade sur le palier venait d’être dévoilée. Un cambrioleur…elle avait cru à un cambrioleur et avait voulu vérifier, histoire d’appeler la police si ç’en était un. Du moins, c’est ce qu’il supposait. Elle paraissait serviable et intrépide certes, mais, qui aurait risquer sa vie à affronter à coup de balai deux cambrioleurs se moquant des lois ?
Il lui annonça qu’elle était parfaite, une voisine parfaite que beaucoup lui envierait, et elle répondit un simple merci accompagné d’un sourire qu’il lui rendit sans ajouter un mot.
Peut-être était-ce l’ambiance qui s’installait qui poussa Jason à jouer…comme un gamin…ou comme dit précédemment, la simple envie de décompresser…..puisqu’il avait eu une mauvaise journée qui se terminait bien. Elle était tellement réceptive au jeu…Il s’approcha d’elle délicatement, faisant mine d’avoir remarqué une poussière dans son œil, et l’invitant à fermer les y eux, il la barbouilla de mousse de savon avant de s’enfuir en brave héros, jusque dans le fond de la salle de bain, un sourire radieux au coin des lèvres.
Il ne la quitta néanmoins pas des yeux, bien trop curieux de voir la tête qu’elle ferait.

Dans les premiers moments, elle ne broncha pas, pas un mouvement, si bien que le sourire de Jason s’estompa rapidement, se demandant s’il avait dépassé les bornes. Ce n’était pas bien méchant, juste un simple jeu, tout à fait anodin et il aurait été surpris de la voir se fâcher, mais, avec les filles, il fallait s’attendre à tout, surtout quand on ne les connaît pas.
Elle s’essuya alors le visage, un demi-sourire aux lèvres et notre médecin fut rassuré. Il ne s’était pas trompé sur elle. Elle était de bonne composition, et aimait tout autant que lui s’amuser à des jeux stupides de lycéens.
Une petite menace pour toute réponse, elle fit mine de continuer à laver l’animal alors que Jason s’avança de quelques pas, histoire de voir ce qu’elle fabriquait…parce qu’elle manigançait quelques choses, c’était évident…avec ou sans sa remarque d’ailleurs. C’est à cet instant qu’elle lui lança le contenu d'un gobelet d’eau, mouillant la chemise du jeune homme qui était encore un peu crue à cause de la pluie. Jade éclata de rires, et Jason aurait pu en faire de même s’il n’avait pas vu en direct ce qu’il se préparait….

« Oh non » lança-t-il en se dirigeant vers la baignoire pour y maintenir Lucky…c’était déjà trop tard. Hors de la baignoire, la chienne, de façon similaire à Beethoven le saint Bernard, quitta la baignoire pour se poster au milieu de la salle de bain, avant de se secouer énergiquement, semant d’innombrable petites gouttelettes d’eau dans toute la pièce qui était resté impeccable jusqu’alors.
Durant ce carnage, il avait essayé de cacher son visage pour se prémunir d’une agression aquatique oculaire mais il n’y parvenait pas. Si la propreté de sa salle de bain devait ce soir succomber à l’attaque des gouttes d’eau, il voulait être le témoin de la scène….et même si le prix à payer était de voir son visage parsemé par les attaquantz. (total délire mdr).

Ce qu’il avait imaginé était arrivé….et il avait beau y être préparé, voir sa salle de bain dans un tel état, lui fendit le cœur, ainsi que son visage dans un sourire communiqué par les éclats de rire de Jade, qui a priori, s’amusait beaucoup.

« Malheur » lâcha-t-il déconfit alors que Jade riait de son rire si contagieux qui contaminait Jason.

Face à la constatation de la demoiselle, il ne put qu’acquiescer….il n’aurait rien pu dire d’autres alors qu’elle s’était approchée, une serviette dans la main, pour essuyer le visage du beau châtain qui cessa de rire, interloqué par ce qu’il se passait. Il n’avait su la quitter des yeux….captivé par le personnage et son audace qui lui plaisait beaucoup. Elle lui remit la serviette qu’il saisit machinalement sans trop comprendre, avant de la voir se pincer les lèvres dans une expression qui lui était inconnue.
Ce qu’il sut, c’est qu’une idée saugrenue survint, et il mit un point d’honneur à la chasser aussi vite qu’elle n’était arrivée.
Elle tenta alors un peu d’humour, prétextant qu’il l’avait attaquée pour la voir partir, et il avait été à deux doigts de lui répondre avec gentilesse et douceur quelques mots comme « Je serais le Roi des cons, si j’avais envie de voir s’éclipser une fille comme toi » mais il s’était abstint.
Il ne fallait absolument pas qu’elle croit qu’il la drague, ni même qu’elle s’imagine qu’elle lui plaisait. Bien sûr qu’elle était ravissante, pétillante, douce, joyeuse, spontanée, serviable….Et …Mon Dieu…que de qualités…que des qualités…et rien que des qualités ne lui traversaient l’esprit pour la qualifier….que des compliments, rien à reprocher, même pas ne fusse qu’un défaut flagrant comme la sournoiserie, l’indifférence…ou pire, la vulgarité….Rien de tout cela…
Il ne répliqua rien, pas un mot durant les quelques secondes qui suivirent…..

*Elle doit bien avoir un défaut, un truc qui va pas….que je n’aimerais pas….*

Au plus il se rendait compte qu’elle avait tout pour plaire et qu’a fortiori, elle lui plaisait alors qu’il ne la découvrait que depuis 15 ou 20 minutes, au plus il lui cherchait des défauts…..comme pour se convaincre qu’il se faisait des idées, tout simplement.
Elle était déjà sur le pied de guerre, prête à nettoyer la salle de bain, mais il n'avait pas envie...pas tout de suite, il mourrait de faim.

« Non c'est gentil mais je le ferai plus tard, si on mangeait plutôt ? je meurs de faim et….il faut que je me change aussi parce que je suis dégueulasse et ….pleins d’eau….Je déteste manger en me sentant sale…tu veux un T shirt propre ou autre chose ? » s’inquiéta-t-il gentiment pour la demoiselle qui était aussi mouillée que lui…Et presque aussi sale….

Alors qu’il s’approcha d’elle pour attraper une des serviettes destinées à Lucky attendant Dieu sait quoi au pied de Jason, il s’accroupit devant l’animal et passa la serviette dans son poil pour l’éponger un maximum avant d’ajouter à l’adresse de la demoiselle qu’un seche cheveux n’aurait pas été de refus, mais qu’il n’en avait pas…
Il ouvrit donc la porte de la salle de bain, laissant échapper le chien et invitant Jade à suivre la petite Lucky, en attendant de savoir s’il devait lui préparer un T shirt, un pull ou autre.

Analysons donc la situation qui succéda le début de soirée totalement pourri.
Un jeune homme charmant et encombré d’un chien, de quoi dîner et de surcroit trempé se retrouve sur son palier, tentant toute sorte d’acrobatie pour récupérer ses clés dans la poche de son pantalon.
Une voisine charmante, pétillante, agréable et particulièrement mignonne qui se retrouve sur le palier pour proposer son aide et finissant ensuite enfermée à l’extérieur.
Le voisin de tout à l’heure, amusé par la situation et surtout reconnaissant, proposa alors cette même demoiselle privée de son appartement, de passer la soirée avec lui en attendant qu’il trouve une solution.
Jusque la tout va bien.
Une autre proposition s’en vint de la serviable amie : « lavons le chien ».
Plaisanterie, jeux et catastrophe animèrent cette séance de dog-wash et d’autres propositions s’en vinrent alors.
Pourquoi ne mangerait-il pas ensemble ? Après tout, personne n’aimait être seul pour se sustenter et de plus, il pouvait ainsi la remercier pour sa gentillesse et son amabilité.
Ne supportant pas manger sale, il souhaitait se changer, et puisqu’elle était toute aussi mouillée, pourquoi ne pourrait-elle pas se changer elle-aussi ? Il lui offrit donc un T-shirt.
Après l’exposition des faits, telles qu’ils sont, on pourrait se dire qu’il s’agit la de deux personnes du même voisinage, qui s’entende bien et qui passe un moment amical ensemble et pourtant, lorsqu’on entre dans les détails, qu’on analyse d’autres faits, on pourrait se poser la question suivante : « Qu’allait-il advenir de ces deux-la ? »
Le jeu de séduction était subtile, tellement subtile d’ailleurs, que de l’intérieur, on pourrait ne pas s’en rendre compte mais de l’extérieur, n’importe qui aurait pu dire que ces deux la s’entendaient bien, et se plaisait bien même.
Tout d’abord, ils plaisantaient souvent et se taquiner était presque devenu la base même de leur relation naissante. Ensuite, il y avait ses regards insistants qu’il ne pouvait s’empêcher de poser sur elle, comme s’il cherchait à lire en elle, pour découvrir sans le lui demander, quels évènements l’avaient construit, quelles blessures ou quelles joies l’avaient rendues si pétillante et si dynamique….ses regards insistants durant lesquels il détaillait les traits de son visage, cherchait à déterminer la couleur de ses yeux. Et pour finir, ce geste….ce geste qui aurait pu, bien que difficilement, passé inaperçu si elle ne s’était pas montrée si gênée les instants suivants. La serviette à la main, elle avait pris la peine de toute sa douceur d’essuyer le visage plein de gouttes d’eau du jeune homme qui n’avait pu s’empêcher d’esquisser un léger sourire. De son côté, il s’était contenté d’un gros semblant de rien, laissant la salle de bain dans l’état où elle était, préférant manger.
Voici donc à quoi il pensait.
Il avait laissé la jeune femme dans sa chambre, quelques T shirts posés sur le lit qu’elle puisse choisir à son aise, et avait filé dans la cuisine préparé quelque chose à boire tout en mettant la table pour qu’il puisse manger : Une petite nappe, deux assiettes et des couverts, rien de plus ni de moins. Sur la table du salon, le ravier de chip’s au côté des verres, ainsi que les saucisses apéritifs. Il n’avait rien trouvé de mieux…et puis, cela donnait un petit côté plus officiel à leur « dîner », bien qu’il soit tout sauf réellement organisé. C’était ce qu’il y avait de plus imprévu.
Durant l’absence de la jeune fille, il repensa à tout ce qui c’était passé cette après midi et début de soirée, et il s’était même surpris à sourire en rependant à une petite taquinerie, une expression de son visage, Comme par exemple, la façon si délicate qu’elle avait eu de s’amuser par rapport à la nuisette, par rapport à ses chaussettes ou plutôt chaussons qu’auraient pu porter sa petite sœur d’ailleurs.
En fait, peut-être était-ce pour cela qu’elle lui faisait si bonne impression, elle lui rappelait sa princesse, son soutien de chaque jour durant sa petite fille somme toute simple et banale, son rayons de soleil….Bref, son joyau Sarah.
D’aussi loin qu’il ne se souvienne, lui et sa petite sœur avait toujours partagé une relation fusionnelle où personne ne pouvait lui faire du mal. Il sortait rarement l’un sans l’autre, il passait beaucoup de temps ensemble et partageait une relation comme beaucoup de parents auraient souhaité. Deux amours d’enfants passant leur temps à veiller l’un sur l’autre. Sarah était aussi pétillante que Jade, aussi rayonnante et….en fait, qu’elle lui fasse penser à lui, était relativement une bonne chose. Cela voulait dire que peu importe ce qui leur arrivera, ils s’entendront toujours bien.
Quelques instants plus tard, Jade, recoiffée et vêtue d’un des T-shirts noirs de Jason fit son apparition dans la cuisine où la table était mise et les verres servis dans le salon.
Une fois de plus, elle fit preuve d’humour et de spontanéité, reparlant de leur future colocation, de sa plus belle tenue et c’était à son tour, il pouvait aller se changer.
Il lui sourit, amusé et répliqua alors qu’en effet, il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte de tous les efforts qu’elle avait dû faire.
Elle se dirigea alors vers la chienne qui restait toujours contre le salon, comme si elle était punie ou avait du mal à se remettre de ses émotions de la journée, mais qui semblait totalement apprécier les caresses de la belle Jade. Jason, quant à lui, la suivait du regard, souhaitant l’inviter à se servir de son verre et de quelques apéritifs le temps se change mais, il fut interrompit par un sourire qui s’était voulu troublant… parce qu’inattendu peut-être.
Il le lui rendit, y ajoutant la même expression qu’elle avant de s’approcher de la table basse où il avait disposé les verres pour le tendre à la jeune femme en récupérant de son autre main une coupelle de chip’s :

« Tu le mérites bien je crois et tu n’as pas le choix….pas la peine de jouer les anorexiques…»

Il attendit qu’elle se serve et reposa alors la coupelle sur la table pour suivre le chemin de son couloir jusqu’à sa chambre ;
« Sers toi, n’hésite pas….j’en ai pas pour longtemps »

Il revint quelques minutes plus tard, un Tout autre jean’s, bien que toujours aussi bleu, et un T-shirt lui aussi, toujours bleu ciel, parce qu’il aimait le bleu. Il avait récupéré l’ancienne tenue de la demoiselle, qui était restée dans sa chambre, sans doute l’avait-elle oublié, et il le « rangea » dans son linge sale, avec le sien. Cela lui donnerait une bonne excuse pour retourner la voir, d’ailleurs, il ne lui en parlera pas. ;;au cas où elle souhaiterait le reprendre, un peu intimidée sans doute

« Voila » lança-t-il à la demoiselle en s’asseyant à ces côtés et récupérant son verre pour en boire une gorgée avant de chiper une chips dans la coupelle

« Alors, tu fais quoi exactement ? Je sais que tu es journaliste mais, je ne sais ni ou ni de quoi tu traites…. »

Il était peut-être temps qu’il parle un peu d’elle, qu’il ait une vrai discussion.

Le récit de sa courte de vie de jeune femme venant entrant la vie adulte était étonnant. Il fallait de l’audace pour s’imposer dans un journal, alors qu’on est juste stagiaire, de réclamer un voyage pour le bien du journal. Il ne doutait pas un seul instant qu’elle avait du préparer son projet avec beaucoup de soin, qu’elle avait du établir un dossier avec des itinéraires et des buts bien définis… Il fallait aussi de subsides pour qu’un tel projet se mette en place et il n’avait pas l’impression qu’un rédacteur en chef aurait réellement pris le risque de financer à 100% un voyage comme le sien pour une simple stagiaire. Elle avait du y consacrer beaucoup d’énergie, faire preuve de beaucoup de détermination et elle avait obtenu ce qu’elle voulait.
Pour Jason, à mesure qu’elle parlait, elle n’était pas qu’une simple voisine ni même une simple stagiaire dans un journal nouvellement promue. Elle était une femme de caractère qui savait pertinemment d’où elle venait mais surtout, où elle voulait arriver.
Elle forçait l’admiration du jeune homme et cela faisait longtemps qu’il n’avait plus ressenti pareil sentiment d’engouement pour quelqu’un. Les Hommes de nos jours, se complaisent dans leur quotidien de façon oisive, manquant d’ambition et ne cherchant plus à avance. Stagnant devant la télévision, se contentant de leur misérable vie sans y trouver un quelconque épanouissement personnel. Il l’écoutait attentivement, concentré sur chacun de ses mots et s’amusant de façon positive à la façon dont elle avait de le regarder. Elle était fière d’elle, et elle pouvait l’être.

Vint ensuite le moment où sa propre question lui revint comme un boomerang. Que faisait exactement Jason dans sa vie ? Il travaillait….beaucoup…beaucoup trop en fait…parce qu’il avait des ambitions, parce qu’il vivait de sa passion, parce que la médecine était toute sa vie, surtout depuis qu’il avait cessé de croire qu’une fille pouvait être réellement intéressée parce qui fait sa vie. Et pourtant, Jade semblait l’être. Elle hochait de la tête à chacun de ses mots et semblait comprendre toute la passion qui l’animait en parlant de son emploi. Peut-être parce qu’elle avait elle-même cette même lueur d’enthousiasme en parlant de son propre emploi et que dès lors, elle avait bien plus qu’une brève idée ce qu’il pouvait ressentir. Il avait fini ces explications sur ce qu’était sa vie, et avait usé du même mot que la jeune rouquine pour terminer sa phrase….bien qu’il ajouta tout de même un petit clin d’œil taquin, histoire de préciser qu’il plaisantait.
A son sourire, il eut presque le sentiment qu’elle voulait éluder cette allusion et son clin d’œil. Qu’elle n’avait pas l’intention de la relever pour ne pas avoir à y répondre.
Il lui sourit et préféra passer à autre choses, histoire de ne pas la mettre mal à l’aise. Il ne tenait absolument pas à ce qu’elle se méprenne sur lui, qu’elle le catalogue, qu’elle devienne un prédateur comme les autres pour une fille comme elle. Elle était si jolie qu’il se doutait que les prétendants devaient se bousculer au porte de ses 20 ans. S’il ne voulait pas se tromper, il devait parler de son travail, et c’est ce qu’il fit, il posa une question sur ses choix…

A priori, elle avait choisi la mode a défaut du stylisme. C’est une raison comme une autre après tout. Tant qu’elle s’épanouissait, ce qui semblait tout à fait le cas d’ailleurs. Apparemment, il l’avait bien cernée puisqu’elle se décrivait elle aussi comme un battante qui avait confiance en ces capacités.

« Oui, mais tu as raison de croire en toi, tu as l’air d’être totalement motivée et puis, ça doit être sympa d’assister à des soirées mondaines comme ça, tu dois croiser des gens importants non ? Enfin, après il faut aimer ce genre de fête aussi… Le directeur de l’hôpital organise assez régulièrement des fêtes de charité pour le « faire valoir » si tu vois ce que je veux dire. J’ai pas vraiment le choix, je dois y aller mais, tant de richesse exposée quand on sait pourquoi on est tous la, ca m’agace un peu mais…un défilé, ça doit être intéressant…… »

Elle, attrapant une chips dans le ramequin et lui, buvant une gorgée de la boisson que contenait son verre, un léger silence s’installa entre les deux jeunes gens. Non pas le genre de silence où personne n’a plus rien à se dire et ou c’est le moment de se dire au revoir non…c’était plutôt un silence où l’un comme l’autre semblait soit attendre un commentaire, soit enchaîné sur un autre sujet qu’il ne savait comment aborder.
Délicat n’est ce pas.
Il redéposa son verre sur la table basse et sourit à la jeune fille, s’apprêtant à lui proposer de passer à table peut-être mais, elle fut plus rapide que lui. Elle brisa le silence et il élargit son sourire, satisfait qu’il ne s’était pas vraiment trompé. Elle avait bel et bien relevé son allusion de tout à l’heure . A mesure qu’elle parlait, il hochait de la tête, acquiesçant. Il avait un boulot qu’il faisait plus qu’adorer, il était combler professionnellement puisqu’il atteignit petit à petit ses buts, il vivait seul…c’était vrai aussi mais, il avait bel et bien un ami….

« Oh…Euh….en effet, je ne compte mes amis que sur les doigts de la main. En fait, je n’en ai qu’un, et je me sentirais bien seul si je ne l’avais pas… Bart….Il m’a tiré des griffes d’une fille pas très commode alors j’entretiens notre amitié….parce qu’il est mon meilleur ami….Mais, par contre, il faut que tu m’expliques comment une fille comme toi, aussi pétillante, n’est pas entourée d’une panoplie d’amies et d’amis. Une soirée avec toi…on doit pas s’ennuyer….. »

Il le pensait vraiment. Les hommes étaient-ils tous aveugles ?
Il l’accompagna dans son rire et il ne la quitta pas des yeux.
Certaines personnes sont naturellement très belle mais, à mesure qu’on apprend à les connaître, leurs traits de caractères les rendent sombre et on finit par les trouves de moins en moins beau.
Par contre, il est des gens qu’on ne trouve pas forcément beau au premier regard, mais ils sont si bons qu’ils sont sublimés par toute leur qualités …Et ensuite, il reste les diamants à l’état brut. Ses hommes ou ses femmes dont faisait partie Jade. Ces gens qui sont physiquement très beau et qui sont si intéressants, si aimable et si pétillant qu’ils sont encore plus beau, telles les vélanes d’Harry Potter qui hypnotise. Il semblait comme hypnotiser par chacun de ses traits et la beauté de son sourire. Elle prit la parole et en fait, c’était tout à fait le bienvenu, il était préférable qu’il ne se rende pas compte à quel point il la trouvait parfaite. Elle proposait qu’ils passent à la table…Et c’était une bonne idée, elle était mise de toute façon, il s’en était occupé durant son absence alors qu’elle se changeait dans la chambre du jeune homme

« Très bonne idée…par contre, pour le serrurier, je ne suis absolument pas sûre que tu arriveras encore à la joindre à cette heure…Tu as beau être charmante, je ne suis pas sûre qu’il reste ouvert pour toi…Tu peux toujours essayer mais avec ou sans baiser, je crois que tu vas devoir rester pour la nuit……mais je te promets, ce sera juste celle-ci, vaut mieux éviter les habitudes et la routine….c’est pas bon… »

La fin de sa phrase n’était que plaisanterie, ce n’était qu’une façon de lui rappeler leur début de conversation où il parlait d’emménagement….mais par contre, le début il le pensait.
Vous connaissez beaucoup de serrurier qui se déplacerait au environs de 20h ? Déjà les ambulances avaient du mal et pestait lorsqu’ils avaient des appels d’urgence la nuit…alors un serrurier, alors qu’il n’est pas question de vie ou de mort, vous imaginez la flemmardise ?

Il se leva et entreprit de faire chauffer le plat qu’il avait pris pour lui. Ayant les yeux plus gros que le ventre et souffrant d’une indécision aigüe, il commandait toujours plusieurs plats dans lesquels il picorait mais ne finissait pas..

« Alors ? tu préfères quoi ? Dés de poulet sauce aigre douce…le subtil mélange sucré salé avec des dés de poulet sauce aigre douce ou alors, le gout prononcé du soja d’un canard laqué ? »

Honneur aux dames non ?