~'Redemption'~

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La nuit tombée… La montée des lumières aveuglantes vers le sommet des grands buildings enivrés de chaleur en cette sombre soirée estivale… Un délice quand cette rose fermée s’ouvre doucement, se frottant sur un son excitant d’une ville qui devient fébrile et chaleureuse. Les lumières des appartements sont éteintes, les enfants couchés tout comme les chiens qui n’aboient pu. Les facteurs ne passant plus tous comme les autobus de ville en si grands nombres. La voix de L.A a changée du tout au tout. Perdant cette vie en pleine lumière où chacun et chacune vont travailler, où chacun et chacune vont faire les courses en milieu de matinée. Tout a changé. La voix de L.A s’est tamisée pour laisser gronder le doux récit de corps légèrement vêtue, pour laisser gronder la sourde musique qui étincelle quand l’on rentre dans une boîte de nuit… Pour laisser gronder le mystère.

Du haut de son élégance et d’un courage rebelle, c’est une soirée de week-end que Kyo s’aventura hors de son appartement pour se frotter à une vie qui lui manquait au plus au point.

Pas à pas, son manteau de cuir allongé voletant derrière lui, il se résigna à affronter une soirée calme sans affrontement ou au contraire… une soirée pleine d’excitation. Un léger sourire aux lèvres, légèrement sadique était-il, Kyo était sortit de son appartement aux alentours de 23 heures, vêtu de son éternel manteau de cuir long, d’un pantalon de cuir ajusté à ses formes de rêve et d’un chandail aux manches longues et en résilles, dévoilant quelques foudres tatouées le longs de ses biceps jusqu’à ses avant-bras. Sa chevelure était d’un blond blanc très contraste avec ses habits et ses yeux couronnés d’un océan bleu électrisant. Quant à son cou, il portant un collier de cuir serré et ses doigts étaient envahis de plusieurs bagues argentés. Il avait de l’élégance à resservir encore et encore. Le summum de son charisme était toutefois son regard impassible et sa tête bien haute, démontrant la fierté de sa personne mais aussi un être déterminé et fonceur.

C’est en entrant au Luxuriou’s Club qu’une certaine fébrilité serra son cœur… Son statut d’ex démon maintenant bannis rendait cette entrée dans ce club légèrement dangereuse puisque quelques démons s’adonnaient à une visite journalière de l’endroit. Quoiqu’il en fût, sa fébrilité venait plus du fait que des centaines de corps sur l’immense piste de danse s’entremêlaient en une chaleur presque suffocante. Kyo regrettait ce temps où il pouvait choisir n’importe quelle de ces vermines pour se procurer un plaisir intense de les massacrer dans la plus horrible des tortures… Oui il pourrait toujours tout faire cela, mais il avait perdu ses quelques pouvoirs très utiles… Et disons que sa tête était déjà assez détestée… Autant valait mieux se faire un peu discret s’il voulait un jour reprendre sa place dans un monde qui lui manquait un plus au point.

Avançant pas à pas près de la piste de danse, se dirigeant vers le bar très élégant et tendance, Kyo se passa une main dans les cheveux par réflexes pour repousser les quelques mèches blondes qui tombaient devant son regard maintenant complètement impassible, son sourire quelque peu sadique maintenant effacé.

Il s’assit donc au bar en retirant par la suite son manteau qu’il posa contre le dossier du banc. Se mettant à ses aises, il leva par la suite une main impatiente vers la serveuse, la tête légèrement inclinée vers sa droite. Obéissante, la femme vint vers lui et lui servit ce qu’il demanda sans hésitation. Lui laissant l’argent sur le comptoir, il tourna ensuite son siège vers la piste de danse pour faire face aux hommes comme aux femmes, perçant la salle de ses yeux électrisants, espérant y trouver quelque chose d’intéressant…

Pendant que Kyo était occupé à observer les danseurs agglutinés sur la piste, une petite forme se précipita sur le siège juste à côté du sien et s'y installa avec un "Ahah!" de victoire et un sourire de 150 mètres de large placardé sur son visage. Manquant de peu se manger le sol dans sa hâte, Ezrah, car c'était elle, se rajusta sur le tabouret puis se tourna vers la barmaid à l'autre bout du bar et lui hurla d'un air enjoué et toujours ce sourire made in Colgate:
"UNE VODKA ICE, S'VOUS PLAIT!!"

Puis elle posa son sac sur le comptoir d'un air satisfait. Et toujours ce sourire exaspérant en gros plan sur la face. Rien n'aurait pu altérer la bonne humeur de la jeune femme, ce soir-là. Après tout, c'était la première qu'elle mettait les pieds hors de chez elle depuis cinq bons jours.
Dans la semaine qui venait de se terminer, Ezrah avait été assaillie par des cauchemars plus incompréhensibles les uns que les autres et qui l'empêchaient de trouver le repos tant recherché. Une nuit, alors qu'elle se battait avec ses oreillers, la jeune femme s'était réveillée en sursaut pour se précipiter sur ses pinceaux et elle ne les avait pas quittés anant longtemps, occupée à concrétiser sur la toile les visions morbides que ses rêves lui avaient inspirée.
Dans un état second, elle avait passé les quatre jours suivants penchée sur sa toile, son esprit vagabondant sur les sentiers putrides de son esprit, revivant dans son esprit tous les cauchemars qui avaient peuplés ses nuits, négligeant de manger, de dormir ou de s'occuper de choses aussi banales que le téléphone qui sonne. Elle n'était sortie qu'une seule fois, et encore, pour aller s'acheter de nouveaux tubes de peinture et des fusains. Elle s'était arrêtée aux premières lueurs de l'aube, et avait contemplé son travail, stupéfaite.
C'était un amalgame de scènes diverses, toutes aussi gore les unes que les autres. Partout, des scènes de meurtre et d'accident, et même de crucifixion sous le regard d'un sphinx dans le ciel (?), le tout dans un environnement peuplé de flammes, des êtres à demi humains qui se battaient tandis qu'on apercevait au loin une cité imaginaire, radieuse au milieu d'arbres desséchés qui portaient des centaines d'oiseaux multicolores. On voyait aussi un couple se faire face, à moitié dévêtus tous les deux.
La première réaction de l'artiste, quand elle vit sa peinture fut:
*Beuh... c'est quoi ça...? *
Elle même n'avait pas compris ce qu'elle avait peint durant sa transe, mais ne pouvait s'empêcher d'en être fière.
Jamais elle ne s'était sentie aussi inspirée pour une toile, et aussi libre de faire ce qu'elle voulait, parce qu'elle-même n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait. Du coup, elle n'avait ressenti aucune limite et elle avait suivi ses instincts et c'est cette sensation de pure liberté, ce rush d'adrénaline, qui lui avait donné le fameux sourire qu'elle exhibait ce soir. Il y avait aussi cette certitude d'avoir pourtant fait ce qu'il fallait lorsqu'elle était allée se coucher, terrassée par la fatigue. Sa toile n'aurait pas pu différente, elle en était persuadée.
A sa fierté, s'étaient ajoutés l'effroi quand elle s'était rendue compte qu'elle avait séché quatre jours de cours pour peindre, puis le dégoût quand elle avait vu les quatre potsde yaourt décomposés dans son frigo XD. Mais elle restait quand même contente.
C'est pour ça qu'elle avait décidé de sortir, ce soir. Elle avait même fait un effort sur sa tenue. Elle portait une mini-jupe écossaise dans les tons beige-rose avec une chemise blanche plutôt courte. De longues chaussettes et d'adorables ballerines complètaient son habillement. Et elle semblait tout droit sortie d'un magazine pour ados... Un drôle de choix pour aller en boîte. Mais ses vêtements offraient un contraste plutôt saisissant avec ses tatouages qu'on voyait sur ses bras. Le tatouage maori sur le bras gauche, les étoiles et les initiales de Long Beach sur l'autre, et le kanji japonais "Mal" sur sa hanche. Et on apercevait le tigre sur son mollet, pas tout à fait dissimulé par les chaussettes. C'était un ensemble plutôt étrange, en fait.

Sa commande arriva, avec celle d'un homme juste à côté d'elle, à qui elle n'avait pas vraiment fait attention. Ezrah paya et remercia la serveuse d'un sourire, avant de lever son verre à l'attention de son voisin.
"Santé. A une bonne soirée." fit-elle.

[HJ: Salut! ]

Invité

Les corps s’entremêlaient gauchement entre eux, les hommes trop occupés à mater et les femmes en trop grande proie à vouloir être la reine de la soirée. Kyo détestait ce genre d’attitude qui régissait trop cette société grotesque de nos jours… Une fillette de neuf ans se pavanant en mini-jupe laissant entrevoir des sous-vêtements de ficelles… Une femme de vingt-neuf ans trompant son mari dans les boîtes de nuit pour la seule et unique raison qu’elle veut se sentir désirer par plusieurs hommes à la fois… Les hommes trouvant presque à la mode d’avoir plusieurs conquêtes à la fois, comme si l’amour s’agissait d’un jeu… L’amour… Kyo se surprit lui-même à penser à ce mot tout en posant son regard sur un monde, des personnes qu’il haïssait. Le Japonais n’avait jamais aimé et ce n’est pas aujourd’hui que ça allait arriver.

Quoiqu’il en fut, son regard se désintéressa très rapidement de la scène qui s’offrait bestialement devant lui. Il aurait écouté un film portant sur l’âge de pierre et ça l’aurait été très similaire. Enfin, il haussa brièvement les épaules avant de se retourner vers le bar, son verre toujours entre ses mains baguées. Son regard était toujours impassible quoique légèrement sévère quand une bourrasque de vent fit relever quelques-unes de ses mèches d’un brun très pâle, presque crème. Il releva un regard sinistre vers la chose qui l’avait dérangée et ce n’était pas un coup de vent mais… Une femme.

Celle-ci s’adressa à lui pour lui annoncer une belle soirée… Le Japonais ne pu s’empêcher de la considérer de haut en bas… Elle portait un habit d’écolière et portait plusieurs tatouages dont un en Kanji qu’il reconnut rapidement pour vouloir dire : Mal… Drôle de choix mais bon, cette fille était loin de l’intéresser. Son sourire était si immense que la pauvre aurait pu se désarticuler la mâchoire… De plus, son élan perturbant de bonheur montait à la tête de pauvre Kyo qui en perdit presque ses moyens de grand solitaire impassible et aussi difficile à percer que l’acier. Il soupira en repensant au fait que les personnes qui l’avait le plus marquée dans sa vie était toujours ce genre d’empoter qui ne pensait qu’à sourire et à voir le bon côté des choses.

C’est donc le regard songeur, maintenant détourné vers son verre que le Japonais en oublia même de répondre à la jeune femme. Trop occupé à divaguer sur son passé qui le rattrapait toujours. Kyo était malheureusement le type de personne qui ne voyait jamais la surface blanche et qui faisait un pas pour en reculer de deux.

Décidément ce n’est pas avec lui que cette dame allait s’amuser ce soir, quoiqu’il y eut une amélioration pour les plans du brun. Trop penser lui avait enlevé le goût de faire du mal pour ce soir. Cette nuit serait calme et plutôt morne… Le cercle vicieux allait toujours tourner autour de sa tête qui s’alourdissait à chaque jour et il serait coincé pour toujours si dit-il en prenant le tout de son verre alcoolisé.

(S’lut, j’adore ta manière d’écrire) ^^

Peu coopératif, le jeune homme à côté d'Ezrah se tourna, la regarda, la regarda encore, poussa un soupir et se détourna de nouveau pour vider son verre. Sans prononcer une syllabe. Ezrah parut décontenancée un instant, puis se reprit et haussa légèrement les épaules. Rien n'aurait pu la mettre de mauvaise humeur, de toutes les façons.

"Bof... Tu fais comme tu veux..." murmura-t-elle à l'adresse de Kyo en prenant elle aussi une gorgée de vodka.
*J'ai du lui paraître un peu trop excentrique...* pensa-t-elle.* Il a du me prendre pour une Sans-Amis-Fixes qui cherche un pigeon... Dommage...*
Elle soupira, un peu déçue, son enthousiasme un peu refroidi. Elle n'agissait pas de cette manière tous les jours. Elle était plutôt du genre à se caler dans son coin sans adresser la parole à personne, à se plonger dans une esquisse ou un portrait au lieu de parler aux gens qui l'entouraient. D'ailleurs, la plupart du temps, les autres ne l'intéressaient pas. Mais ce soir, elle s'était sentie si euphorique qu'elle avait décidé de faire les choses différemment d'où sa tenue déjantée et son attitude plus que joviale.
*Mais franchement, ça lui aurait écorché la bouche de me répondre? Je voulais juste faire la conversation, moi, c'est tout!*
Elle s'énervait toute seule, ce qui lui permettait de penser toutes sortes d'atrocités sur "le grand blond" mais qui ne servait vraiment à rien d'autre. Kyo n'avait pas l'air du mec qui encaissait les insultes sans rien dire, alors on comprenait pourquoi elle jugeait plus prudent de garder sa colère pour elle-même. Pas si folle, l'écolière!

Toujours énervée, elle jeta un regard furieux vers son voisin et sans le vouloir, se mit à le détailler:
Avec des cheveux d'un blond presque blanc qui lui tombaient sur les yeux, il semblait être d'originie asiatique, mais elle n'en était pas sûre. Il était vêtu assez sobrement, comparé à elle : un pantalon en cuir noir, une sorte de chandail qui laissait voir les éclairs tatoués sur ses bras à travers les manches de résille. Il avait déposé son verre vide sur le comptoir et observait à présent les autres personnes dans la boîte avec un rictus aux lèvres, mêlange de mépris et d'indiférence. Il semblait les considérer totalement dénués d'intérêt. Ezrah jeta à son tour un coup d'oeil vers un groupe de minettes qui se déhanchaient sur la piste, maquillées comme des voitures volées. Un sourire moqueur se dessina sur son visage. Il n'avait pas entièrement tort, pensa-t-elle.

Enfin, malgré le fait qu'il soit peu causant, "le grand blond" avait inconstestablement beaucoup de charme, admit-elle. Il suffisait de voir le nombre de femmes qui l'observaient d'un regard un peu... fixe. Ce qui n'empêchaient pas certaines de se déhancher dans les bras de leurs cavaliers. Ezrah soupira, un sourire aux dimensions raisonnables aux lèvres, tout en vidant son verre. Alors qu'elle le posait sur le comptoir, un certain abruti crut bon de venir s'installer à côté d'elle et de la baratiner. Sans se laisser démonter par un aimable "dégage." de la part d'Ezrah, il se mit en tête de perséverer pour faire tomber la blondinette sous son charme. Réfléchissant à un moyen qui pourrait la débarraser définitivement de ce gêneur, Ezrah gardait la tête baissée sur son tête quand elle la releva, jetant un regard qui ne présageait rien de bon à Kyo. En plus, son visage annonçait le retour du sourire made in Colgate ^^

[HJ: Merci, c'est gentil! T'es pas mal du tout non plus! ]

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Encore une fois tout s’assombrit… Il n’était pas rare qu’un tel événement arrivait quand Kyo s’ennuyait trop. Cette nana trop intensivement joyeuse à ses côtés, les corps immondes entrain de faire ce stupide rituel d’accouplement moderne… Cette musique qui n’était qu’un grondement sourd après quelques minutes… Tout ça était très lassant pour le Japonais bien qu’il venait boire ici plutôt souvent. Enfin, il ne venait que pour le goût de l’alcool qu’il appréciait quand celui-ci lui montait à la tête pour lui faire oublié de grandes parties de son histoire qu’il méprisait. Il se méprisait lui-même quand il y pensait bien.

Cela dit, cette pièce, cette nana et cette musique prirent, l’espace d’un instant pour les autres mais l’espace d’une heure pour Kyo, un contraste très atténué, se fondant par-delà son imaginaire.

Tout était sombre, il était seul et il n’y avait aucun bruit aux alentours. Il n’avait qu’une envie de chanter… Pourtant il ne fit que fredonner, à peine audible :

" J'ai continué à errer sans but, tout seul
Un faible soupir peint une caresse de blanc
Dans la nature éphémère des saisons qui changent
Les larmes inondèrent sans raisons
Encore maintenant je t'…?"

Les grondements tapageurs de la musique revinrent soudainement… Il arrivait souvent au faux blond de plonger dans une si intense réflexion qu’il ne voyait plus rien des évènements réels.

Jetant un coup d’œil rapide à la fille à ses côtés pour connaître ce qu’il avait manqué, il pu constater que celle-ci le dévisageait presque, son visage beaucoup moins illuminé à présent, semblant légèrement blessé.

Kyo se passa de nouveau machinalement sa main à travers les quelques mèches qui descendaient devant ses yeux puis toujours ses yeux d’un bleu électrisant vers cette femme… Qui ne le regardait maintenant plus…

Elle s’était en effet retournée pour faire face à un type qui, à première vue, voulait vite fait de la mettre dans son lit. Le Japonais le trouva répugnant surtout qu’il manquait carrément de classe mais pourtant il ne fit rien. Elle s’arrangeait avec ses problèmes qui étaient loin de le concerner….

*Qu’est ce qu’elle a par la tête…*

Kyo fronça un sourcil quand la femme blonde s’était tournée de nouveau vers lui pour lui faire part d’un prochain nouveau sourire à la miss américa….

C’est donc ainsi que l’insensible Kyo au cœur de pierre ne pu s’empêcher de regarder en biais l’homme qui tentait d’être séducteur mais qui se plantait vachement bien, puis Ezrah au regard vengeur et trop malicieux à son goût. Il arqua donc son dos légèrement vers l’arrière et s’attendit au pire, désirant maintenant son appartement miteux mais loin d’ici…

Trop occupée à repousser les assauts de son vaillant looseur qui avait en plus les mains baladeuses, Ezrah ne remarqua pas que le regard de son autre voisin s'était fait plus lointain et qu'il s'était mis à fredonner un air doux et mélancolique. Son visage s'était fait moins sarcastique, aussi et ne révélait plus qu'une grande tristesse.

C’est seulement lorsqu’il s’arrêtait sur les derniers mots de la mélodie qu’Ezrah se retourna et entendit quelques bribes de la chanson. Elle était toujours un peu vexée qu’il n’ait pas répondu à son toast et elle profita de ces quelques minutes d’inattention de la part de Kyo pour l’observer discrètement. Il n’observait plus les piètres danseurs sur la piste et semblait perdu dans un monde imaginaire. Malgré la musique assourdissante du club, elle avait mystérieusement saisi l’air et quelques bribes des mots qu’il fredonnait. Ce n’était pas beaucoup et peut-être que d’autres n’y auraient rien compris, mais c’était suffisant pour Ezrah pour comprendre la solitude, la tristesse et le regret des choses perdues qui émanaient de cette chanson. Elle était inconnue à Ezrah, mais ce qui saisit surtout la blondinette était l’expression du visage de Kyo. Ses yeux toujours cachés par ses cheveux blonds, sa posture restait la même que depuis le début de la soirée, mais il y avait un je-ne-sais-quoi dans son attitude qui avait changé.

*C’est drôle, on n’imaginerait pas que ce mec pourrait fredonner un air pareil. D’une certaine manière, ça ne colle pas avec l’image qu’il renvoie. Il a l’air d’un homme qui se suffit à lui-même et qui n’a besoin de personne, alors que cette chanson parle de solitude et de larmes (c’était les mots qu’elle avait déchiffré : « tout seul » et « larmes » ). Ça parait presqu’impossible qu’un type pareil puisse ressentir ces sentiments-là. Mais d’un autre côté, on reconnaît le personnage. Il est différent, mais c’est le même homme. », songea-t-elle.

Encore un peu étonnée par le double portrait qu’elle avait surpris et le train que ses pensées avaient pris, la jeune femme continuait de réfléchir à propos de son énigmatique voisin quand l’autre abruti qui la courtisait choisit de se rappeler à son bon souvenir en aventurant une main d’une propreté douteuse sur sa jambe. Enervée, Ezrah écarta du revers de la main cette autre main baladeuse, son esprit se consacrant à un problème plus urgent : comment se débarrasser de cet abruti.

Elle se rappela de l’idée qui lui était venue à l’esprit quelques instants plus tôt. C’était un stratagème plutôt rusé, mais à présent, elle avait des scrupules à le mettre en action. Au départ, elle avait été complètement enthousiaste car elle s’était dit que c’était le moyen d’énerver son blond voisin et elle voulait se venger un peu.
* Y a peut-être un autre moyen… C’est vrai, il ne va pas apprécier… » pensa-t-elle en jetant un regard en biais à Kyo.*Surtout s’il est déjà de mauvaise humeur…*. Elle écarta à nouveau une main aventureuse un peu plus audacieuse, ses yeux s’écarquillant légèrement de panique.
* Je voudrais pas dire là, mais ça devient carrément du free-fighting, là ! *, se dit-elle. A moitié saoul, le dragueur du dimanche venait de se lancer dans un monologue incompréhensible qui était censé la convaincre de se laisser tripoter. *Il est complètement dans le cirage, en plus ! Et il doit avoir de drôles de goûts pour essayer de brancher une blonde déguisée en écolière…*

Ezrah se rappela une autre soirée, dans un autre club, où elle avait eu affaire à un autre homme de ce genre, complètement ivre. Face à son refus catégorique, le connard l’avait carrément giflée. Il l’aurait fait, si des gens ne s’étaient pas interposés. Mais cela lui avait permis de mesurer ses véritables forces. C’est pourquoi elle avait peur de se mettre à insulter l’abruti qui l’embêtait à présent, parce qu’elle était paniquée à l’idée que cela puisse se reproduire. Elle n’avait pas beaucoup de force physique comme Kyo, c’était même le contraire. Elle avait l’air d’avoir 12 ans à côté de lui, même si son habillement y était sans doute pour quelque chose…

Une chose dont elle était sûre, c’est qu’elle ne pourrait pas se débarrasser de cet imbécile sans aide. Elle ne voulait même pas imaginer ce qui pourrait lui arriver si elle sortait du club seule et que l’autre lopette complètement imbibée décidait de la suivre dans les rues. Elle soupira et jeta un dernier regard à Kyo. Celui-ci la regardait, les sourcils froncés en signe de méfiance extrême. Il était toujours dans la même posture, accoudé au bar devant son verre vide, le dos un peu arrondi. Ezrah le vit jeter un rapide coup d’œil au dragueur éméché qui souriait d’un air niais…

* Oh, et puis zut, j’ai pas le choix ! Il l'a pas l'air de s'éclater, là, il a sûrement envie de se casser lui aussi! Et puis c’est pas la mort, tout de même !!*, songea-t-elle, furieuse.
Apparemment, « l’autre abruti » avait fini de parler, car un drôle de bourdonnement venait de cesser. Elle se tourna pour se rendre compte que celui-ci avait du prendre son silence pour un accord et venait de se pencher pour la prendre dans ses bras poilus.
"Eeeeeeeeeeeeerk !!!!" cria la blondinette qui se pencha à son tour de l’autre côté pour pouvoir esquiver l’attaque. Son visage exprimait le plus profond dégoût. Essayant de mettre le plus de distance entre elle et le dragueur du dimanche, elle se rendit compte qu’elle était carrément collée au pauvre Kyo, qui tressaillit légèrement. Elle se tourna rapidement vers lui, avec un sourire crispé, et, essayant de prendre une pose qui montrerait son intimité avec le blond ténébreux leva lentement une main pour la passer délicatement sur les cheveux blonds de Kyo. Celui-ci ouvrait déjà la bouche pour prononcer un légitime : « C’est quoi ce bordel ? », quand elle le prit de court et se mit à parler à son tour, d’une voix tremblante et un peu forte :
« Chéri… franchement ce gars m’embête, tu voudrais pas me raccompagner mon amour ? »
Elle leva vers Kyo un regard empli de détresse pour lui faire comprendre qu’elle était vraiment effrayée par cet homme et qu’elle avait vraiment besoin de son aide.

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Kyo se souvint lui aussi d’une soirée d’hiver ici, en ces lieux. Il y avait de cela quelques années. C’était à l’époque où tout était extase et passion. Une époque qu’il regrettait bien qu’il avait cherché à être bannis dans un certain sens… Personne n’avait voulu de lui… Personne n’avait pu le comprendre comme d’anciens dictateurs l’avait été. Un jour il reprendrait sa force pour prendre largement la place que lui donnait ses idées.

Quoiqu’il en soit, cette soirée avait été… Passionnante. Il avait tout d’abord fait comme ce soir : C’est à dire de s’asseoir au bar pour boire un petit quelque chose et ensuite se retourner vers l’assemblée de corps entremêlés. De ses yeux sadique il examina ensuite une personne à la fois, trouvant sa prochaine proie. Son regard avait tombé cette nuit la sur une brune séductrice, au physique refait grotesquement par des outils de chirurgien satisfait de cette société mal dans sa peau. Une femme d’environ 25 ans, au décolleté assaillant et aux airs de : M’as tu vu? Il voulait l’attention de tous les hommes et dans ses mouvements de danse l’on pouvait très bien voir qu’elle voulait montrer aux autres filles que personne n’allait l’égaliser. Un mec accompagnée de sa petite amie s’enticha même d’elle en un seul déhanchement de la part de la brunette.

Kyo détestait ce genre de paufiasse et c’est pour cela qu’il alla lui montrer sur la piste de danse qu’elle était loin d’être la meilleure. Le Japonais entra donc en scène et commença à suivre le rythme de la musique d’une façon très bestiale. Ses déhanchements étaient mieux que celle de la brunette et son regard attirait celui des femmes comme les hommes, comme si son attraction était surhumaine… Ce qui n’était pas complètement faux. Ainsi, la petite brunette qui avait perdu les regards de tous et de toutes s’avança vers lui, l’air plus que outré. C’est ainsi que le sourire sadique de Kyo revint. Maintenant cette aguicheuse près de lui, Kyo l’approcha contre son corps en l’attirant par la taille. Maintenant leurs deux corps bien serrés, le Japonais abaissa sa tête près du cou de la femme puis lui mordit sa chaire tendre tout doucement. Un frisson parcoura le corps de la brune qui en sentait déjà des montées de chaleur. C’est en ce moment là que le blond l’attira hors de la scène, la fille le suivant docilement, déjà sous son charme puis… C’est dans la ruelle sombre qu’il lui coupa la gorge de son couteau pour goûter à son sang, la traiter de tous les noms, s’amuser avec son corps puis partir… C’était son premier massacre après son père et il avait parfois l’impression que le goût du sang de la brunette lui revenait dans la bouche…

Tout ça pour dire que ce soir c’était un peu différent. L’envie de voir le sang couler n’était pas présente et… Ce dragueur du dimanche méritait d’être humilié.

Et c’est ainsi que le regard en détresse de la blonde se posa sur le regard songeur de Kyo qui ne put qu’à sourire sadiquement à sa demande subtile.

"T’inquiète pas mon ange."

Son ton fut froid à ces paroles mais percés par quelques rayons d’amusement. Un sourire vicieux en coin, Kyo se leva tout en se passant une main dans ses cheveux sagement docile. Il se tourna vers le dragueur qui du malgré lui, reculer d’un pas s’il ne voulait pas avoir un mec collé à son corps. Ainsi, Kyo avança son regard à un tout petit centimètre de son vis-à-vis. Ensuite, sa main droite parcourra le torse de l’homme pour monter jusqu’à son cou. Celui-ci ne pu que froncer les sourcils et déglutir péniblement, trop intimidé pour reculer d’un seul pas. Le Japonais sourit de nouveau avant de commencer tout doucement à serrer le pauvre cou de l’homme qui ouvrit grand les yeux, l’air plutôt effrayé.
D’une pogne forte et ferme, Kyo ne lâcha pas sa poigne et avança ses lèvres de l’oreille droite de sa proie.

"Tu es un perdant et elle ma princesse. Si tu ose remettre tes sales pattes de demeurées sur elle…"

Il resserra un peu plus son étreinte et le visage de l’homme devenait de plus en plus blafard, ses yeux presque totalement blancs, tournés dans leurs orbites, entrain de suffoquer.

"Je te broie les os un par un jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un amas de peau et de chaire meurtrie."

Puis il relâcha son étreinte pour laisser l’homme tomber sur ses genoux et tenter de reprendre son souffle rapidement, se tenant le cou de ses deux mains, les larmes au yeux…

"T’ES QU’UN ENF….."

Incapable de terminer sa phrase, l’homme se mit à tousser pour cracher quelques gouttes de sang.
Kyo tourna donc les talons et se dirigea vers la sortie sans un regard vers la blonde.

Kyo avait souri d’un air narquois après qu’Ezrah l’ait supplié de l’aider. La blondinette, toujours collée contre lui, attendait qu’il fasse quelque chose, anxieuse. Elle était presque sûre que le blond la laisserait entre les mains du dragueur du dimanche, en lui demandant accessoirement de le lâcher. Elle fut donc assez soulagée de voir qu’elle s’était trompée lorsqu’il baissa les yeux sur elle et lui adressa la parole sur un ton qui se voulait rassurant. Elle pensait qu’il se contenterait de jeter un regard menaçant sur l’autre abruti pour le faire décamper en vitesse, ce qui aurait amplement suffi selon Ezrah. Elle se trompait encore, car Kyo prit son rôle très au sérieux. Se détachant d’elle, il se leva, un sourire sadique sur les lèvres, et d’une démarche souple et féline, se dirigea vers celui qui embêtait sa pseudo-copine.

Fascinée, Ezrah le suivit du regard, tout en passant machinalement une main dans ses cheveux, révélant au passage la marque qu’elle avait dans le cou. C’était une ecchymose plutôt large et brunâtre, résultat d’une brûlure qu’elle avait reçue d’un voyou lorsqu’elle était enfant. Elle se souvint vaguement de la peur qu’elle avait ressentie lorsqu’elle avait senti le briquet s’approcher d’elle, et les souffrances qu’elle avait endurées lorsque la plaie s’était infectée. Haussant les épaules, elle chassa rapidement ces souvenirs et reporta son regard sur Kyo.

Ici, plus de peur. Les paroles de Kyo l’avaient rassurée et elle attendait tranquillement la suite des évènements.

Malgré tout, il y avait quelque chose de différent. Le regard d’Ezrah se posa sur le dragueur du dimanche. Un sourire sadique s’étira à son tour sur ses lèvres pendant qu’elle le regardait reculer devant Kyo qui lui faisait face, lisant la peur dans son regard vitreux. C’était si satisfaisant de le voir à présent, les yeux exorbités, paralysé par l’effroi. Elle aurait seulement aimé se trouver à la place de Kyo pour pouvoir serrer ses mains autour du cou de cet imbécile et lui faire regretter d’avoir posé les yeux sur elle… Le sourire d’Ezrah s’élargit un peu plus. Elle ne se demandait pas pourquoi elle se sentait si euphorique à ce moment-là, et elle ne réalisa pas non plus que cette tranquillité qu’elle éprouvait était pareille à ce qu’elle ressentait lorsqu’elle peignait ses cauchemars. Pour dire vrai, elle s’en fichait complètement. Tout ce qui lui importait, c’était que l’adrénaline qui parcourait son corps à ce moment-là ne s’arrête jamais.

La menace de Kyo semblait avoir fait son effet : l’homme était désormais blanc comme un cachet d’aspirine et il semblait étouffer. Ezrah se rappela que ce devait être parce que son « chéri » le tenait par le cou et qu’il avait resserré sa poigne. Elle se mit à ricaner doucement, comme enchantée par la scène à laquelle elle assistait. Autour d’eux, les gens s’étaient tus et les regardaient, mais la musique battait encore son plein, et les autres personnes au fond du club n’avaient rien remarqué. Ezrah ne s’occupait pas d’eux. Elle observait à présent Kyo. De sa personne émanait une tranquillité et un relâchement qui donnaient l’impression qu’il faisait ce genre de choses tous les jours. Sn visage restait froid tandis qu’il serrait ses doigts autour du cou de l’abruti qui commençait à émettre un râle inquiétant.

* S’il le voulait, il pourrait tuer cette lopette…* constata Ezrah. La pensée créa en elle un nouveau rush d'adrénaline. L'idée de pouvoir jouer avec la vie d'autrui, de décider de l'interrompre la seconde suivante, ou au contraire, être assez magnanime pour l'épargner, pouvoir imposer sa loi à autrui, et contrôler cet autre être inférieur, cette idée l'enflammait et la fascinait. Elle se demanda même comment Kyo s'y prendrait pour tuer celui-là. Il était clair qu'il avait déjà tué, il suffisait de voir son attitude et sa manière d'être pour le comprendre. Elle envia sa force, cette puissance qui lui permettait de se mettre au-dessus des autres, elle comprise.
Un jour, elle acquèrerait cette force, se promit-elle. Mais pour le moment, elle avait juste envie de voir ça. Voir les os de cet ivrogne broyés, sentir l'odeur de son sang se répandre dans l'air pendant que ses membres disloqués laisseraient tomber quelques gouttes écarlates sur le parquet du Lux', Le visage de l'homme se superposait à celui de l'homme ivre de l'autre soir, pour finir par se superposer à celui qui l'avait marquée au cou. Comme elle aurait aimé les voir morts à cet instant... Elle aurait vraiment voulu voir ça, mais quelles chances avait-elle de voir ces projets se réaliser ? Quel pouvoir avait-elle, après tout ?
Alors même qu'elle se posait toutes ces questions, Kyo lâcha le cou de sa victime, la laissant choir sur le sol. Apparemment l’homme devait avoir encore de l’énergie car il se mit à gueuler une injure à Kyo qu’il ne termina jamais. S’interrompant, il se mit à tousser, répandant quelques gouttes de sang sur le sol. Bizarrement, le bruit de sa chute avait tiré Ezrah de son petit instant de transe, quoique les émotions qu’elle avait ressenties restaient toujours présentes. Regardant autour d’elle, elle remarqua que "son mec" se dirigeait vers la sortie. Se levant à son tour, elle se dirigea rapidement vers la porte du club dans l’espoir de le rattraper. L’ivrogne tenta de saisir sa jambe à son passage, mais Ezrah se dégagea et sortit rapidement. L'homme murmura faiblement "Salope..." à son encontre. Ezrah haussa les épaules et lui lança un regard méprisant. Elle avait mieux à faire. A présent, elle n’avait plus envie que la soirée se termine de cette manière. Et puis elle devait remercier Kyo…

Elle le retrouva devant le Lux’. Il s’éloignait déjà en direction des voitures garées sur le parking. Elle trottina rapidement à sa suite et parvint à son niveau. Ils marchèrent un instant dans l’obscurité avant qu’elle ne prenne la parole.
"… Merci, "chéri"." Dit-elle avec un sourire ironique. Puis, sur un ton normal, elle reprit:
"Désolée d'avoir gâché votre soirée." Malgré tout, elle n'avait pas vraiment l'air désolé. "Je peux me rattraper, peut-être?",proposa-t-elle.

Invité

« Je me fais un chemin vers le centre ville
Je marche vite, je croise des visages
Et je retourne chez moi
Je regarde devant moi, les yeux perdus
Je me contente d'avancer à travers la foule… »

Kyo marchait tout doucement vers le centre d’une ville dévastée sans qu’elle ne le sache elle-même. Ses yeux étaient rivés vers le vide, son regard impassible et légèrement cerné. Si l’on regardait par delà le voile de ses yeux jusqu’à scruter le fond de son âme, quiconque aurait pu s’apercevoir que se regard représentait une recherche et une profonde tristesse meurtrie dans une colère horriblement destructive, bien qu’apaiser pour un moment… Peut-être pour toujours sait-on jamais…
Il avançait doucement sans se rendre compte qu’une femme à la chevelure blonde tentait de le rejoindre, se frayant un chemin à travers la foule qui c’était jetée sur le pauvre type qui c’était effondré par terre, inconscient. L’air avait mit trop de temps pour se rendre à son cerveau, or il n’était tout de même pas en danger. Un peu de repos et il serait remit sur pieds… Quoique les autres clients ne semblaient pas être du même avis. Aucun n’avait osé s’approcher du Japonais, mais plusieurs regards haineux ou effrayés c’était retourné sur son passage jusqu’à sa sortie. Même le « doorman » avait semblé soulagé que Kyo quitte de sa propre volonté.
Cela dit, la réalité c’était une nouvelle fois assombrit devant les lacs glacés du blonds.

« Et j'ai besoin de toi
Et tu me manques,
Et, maintenant, je me demande
Si je pourrais plonger dans le ciel.
Crois-tu que le temps pourrait m'oublier ?
Parce que tu sais que je serais prête à marcher mille kilomètres
Juste pour te voir ce soir... »

Tout c’était brouillé contre un fracas sordide de regrets qui puaient l’idiotie. Cette femme aurait pu être servie s’il en aurait le courage… Non se n’était pas un manque de courage à bien y penser… Un manque de volonté? Une frustration trop débordante? Il se sentait trop impuissant vis-à-vis un passé glorieux? Peut-être un peu de tout…

Enfin… Si le sang aurait un peu plus coulé de ses lèvres pour geindre doucement sur ses mains blanches comme mort… S’il aurait serré plus fort… Si l’on aurait attendu sa trachée craquée, se broyé… Si l’on aurait vu son corps se convulser… S’effondrer puis agoniser, l’étreindre jamais desserrée… Des hommes seraient probablement arrivés avant pour lui en empêcher et le livrer aux flics… Aurait-il pu les repousser? Probablement pas… Probablement plus maintenant…

Oui il devait se l’avouer, Kyo aurait voulu voir cet homme mort… Ainsi cette blonde le craindrait maintenant, mais au lieu de ça :

« … Merci, "chéri" »

Il avait réussit à le rejoindre plutôt facilement… Son songe n’avait pas duré longtemps à bien y penser… Tout juste le temps d’avancer de quelques pas pour ensuite revenir à la réalité par ces quelques mots qu’elle ferait mieux d’oublier rapidement.

Pourquoi il fallu qu’elle le rejoigne pour tenter de continuer une conversation aussi… Il ne pu s’empêcher de soupirer, l’air toutefois toujours aussi glacé…

Il stoppa donc son pas pour se tourner vers Ezrah et poser un regard épuisé bien que froid sur le sien.

« Ne t’en fait pas pour ma soirée… Tu n’y a rien changée… »

Même qu’elle avait réussit à y mettre quelque que peu de piquant pendant un instant…

« Écoute… Arrête… Va-t-en continuer ta soirée ici ou dans un autre
endroit… Peu importe… Mais reste éloigné de moi… »

Sa voix était à la voix dure et…suppliante. Il voulait rester loin d’elle. Il ne savait pas trop pourquoi, mais les gens qui n’avaient pas peur de lui… L’effrayait dans un certain sens… Il ne faisait que du mal aux personnes trop près de lui… Mais cela c’était une autre histoire…

Le Japonais s'était arrêté pour refuser sa proposition d'un air las. Ezrah se senti coupable de lui avoir gâché sa soirée. Elle ne se doutait pas qu'elle avait pu rendre la soirée de Kyo plus amusante pendant un court instant, elle restait même persuadée qu'elle n'avait été qu'un boulet tout ce temps-là. Les mots de Kyo ne servirent qu'à l'encourager dans sa volonté de le remercier. Elle se disait qu'elle devait le faire, tout simplement. Et puis elle n'avait pas envie de le lâcher comme ça. Elle repensa à la sauvage satisfaction qu'elle avait ressentie tout à l'heure... Une curiosité malsaine la poussait à coller ce mec étrange...

Elle avait baissé la tête quand il lui avait répondu, et elle avait reculé un peu, comme une gamine prise en faute. Elle sentait la lassitude et l'ennui dans les mots du jeune homme en face d'elle, et elle avait reconnu le même ton morose qu'elle avait quand l'inspiration ne venait pas et qu'elle devait côtoyer des gens dénués d'intérêts toute la journée. A des moments pareils, elle avait envie de hurler de frustration devant la monotonie de sa vie pathétique... Mais elle avait la peinture pour se soigner de ces moments-là, et la bonne humeur revenait très vite... jusqu'à la prochaine panne d'inspiration. Mais on aurait dit que cet homme-là n'avait jamais de moments d'inspiration. Il devait avoir perdu quelque chose d'important, se dit-elle. Tout d'un coup, elle s'en voulut à nouveau de le déranger ainsi. Mais pas très longtemps, que voulez-vous, on ne se refait pas. Relevant la tête, elle se rendit compte que sa voiture n'était pas garée très loin de l'endroit où ils étaient arrêtés. Enfin, "voiture" était peut-être un grand mot. "Epave" aurait mieux convenu. "Tas de boue" décrivait parfaitement l'état du pick-up que la jeune femme avait hérité de son père, pick-up que Mr Conrad avait lui-même obtenu de son frère lorsqu'il était étudiant. Bref, la 'tuture datait et pas qu'un peu. C'était un formidable assemblage de tôles rouillées et cabossées, et il y avait même un fil électrique qui dépassait de sous le marchepied côté conducteur. Ezrah se rappela le nombre incalculabes de fois où elle avait du susurrer, implorer, persuader l'engin de se mettre en route... et de ne pas la lâcher une fois en route.

Enfin bref, puisqu'apparemment aller dans une autre boîte n'était pas à l'ordre du jour, elle allait au moins lui proposer de le raccompagner chez lui. Ca lui ferait moins de temps et au moins comme ça, elle pouvait le remercier. Tout en fouillant dans son sac à la recherche de ses clés, elle leva les yeux sur lui et lui demanda sur un ton joyeux, sans se laisser démonter par son air glacial :
" Je comprends." fit-elle simplement. "Dans ce cas, je peux au moins vous déposer chez vous ? Ca ne prendra presque pas de temps, et ce sera pas compliqué, vous avez qu'à me dire où vous habitez!"
*Et prier pour que ma voiture démarre... enfin, ce serait plutôt à moi de faire ça...* pensa-t-elle, sarcastique.
Elle prit un air plus sérieux en voyant que son interlocuteur restait impassible :
"S'il vous plait... laissez-moi au moins faire ça pour vous."

[désolé pour mon retard, et pour ce post pas terrible... je suis pas très inspirée ]

Invité

Il faisait plutôt froid à l’extérieur, une fine buée s’évaporait des lèvres de l’humaine et du banni. Seulement, malgré le lourd vrombissement qui s’étouffait à travers les murs de la boîte de nuit pour fondre doucement à l’extérieur, tout était plutôt silencieux. La circulation était morne, les piétons très peu nombreux, le souffle doux mais froid sur le visage. L’on était le début de l’automne et un petit miracle se produisit quand Ezrah lui offrit une promenade jusqu’à chez lui. Kyo leva le visage vers les cieux et un minuscule flocon de neige se déposa sur son nez quelque peu rosie par un froid annonciateur d’un hiver prochain bien qu’encore loin. Seulement un… Le Japonais ne put que froncer les sourcils un peu plus, observant le ciel à la recherche d’une averse quelconque de neige. Mais rien… Un seul c’était permit de s’échapper rapidement. Un seul avait foncé tête baissée vers sa liberté avec autant d’audace.

Kyo se passa le revers de la main contre son visage pour enlever la petite gouttelette d’eau qu’avait produit le « fuyard », puis revint à la dame devant lui après avoir soupiré d’un air lassant.

"Me raccompagner?..." »

Il abaissa son regard vers le sol puis serra les poings, comme s’il tentait de se maîtriser… Mais en vain…

« Je croyais avoir été assez clair pourtant… »

Le blond déglutit péniblement puis releva un regard plus électrisant que jamais vers Ezrah. Ses yeux étaient maintenant d’un bleu profond presque noir et le fond de ses iris cachaient une âme incontrôlablement furieuse.

Il fit donc claquer l’une de ses lourdes bottes en cuir vers la jeune femme, puis une nouvelle fois. Leur deux corps se rapprochèrent donc jusqu’à ce qu’un seul souffle les séparent. Kyo déglutit péniblement, puis avant qu’elle ne se décide de reculer, il avança sa main gauche jusqu’au pauvre et frêle cou de la blonde, puis serra son étreinte contre celui-ci. Il avança par la suite très rapidement pour plaquer Ezrah contre le mur de pierre le plus près, celle-ci toujours emprisonné par une poigne atrocement forte, lui coupant le souffle. Ayant maintenant plus de prise, le Japonais put soulever quelque peu la femme de terre, n’ayant maintenant plus que la pointe de ses orteils pour se soutenir.

Le sourire très sadique en coin de Kyo laissait paraître qu’il allait s’amuser… Mais pourtant, son cœur battait la chamade et ses genoux tremblaient. Ne voulant rien laisser voir, la rage le conduisit à plus… D’un mouvement de jambes et de bassin rapide, Kyo s’introduit entre les jambes d’Ezrah qui n’avait maintenant plus aucune emprise sur le sol.

Tout se produisit à une vitesse folle et tout s’arrêta rapidement quand Kyo susurra à l’oreille d’Ezrah :

« Tu veux aider un meurtrier jeune sotte… Tu veux aider une pourriture comme moi?! »

Son ton s’était haussé à la deuxième phrase, paraissant presque outrée que l’on veuille aider la carcasse répugnante qu’il était.

Enfin, il lâcha complètement prise pour la laisser choir par terre puis lui tourna le dos. Il fit un pas vers l’avant puis stoppa.

« Oublie-moi… »

Puis il partit… Comme ça… Rien n’allait le retenir. Les poings serrés, le regard sévère, Kyo Soma s’aventura dans L.A, espérant trouver des réponses…